Le ministre des Transports et de l’Equipement réussira-t-il à mettre un terme aux fameux agréments des taxis (grands et petits) ? Aziz Rebbah vient de franchir un premier pas. Son département a déposé, hier, au Secrétariat général du gouvernement, un avant-projet de décret, proposant d’abroger une loi qui remonte au 4 décembre 1963.
Le nouveau texte préconise d’instaurer la procédure de l’appel d’offres, qui sera lancée par l’autorité gouvernementale compétente. Une commission, composée de représentants (ndlr : des fonctionnaires) des départements de l’Intérieur, Transports, Justice, Finances, Tourisme, Agriculture, sous la présidence du ministère des Transports, devrait examiner les candidatures et statuer sur le degré de leur respect des clauses des cahiers de charges.
Un fief de l’économie de rente
Pour que les anciens titulaires d’agréments se conforment à ses conditions, le projet leur accorde une année supplémentaire comme délai, qui commencera à partir de la date de la publication du futur décret dans le bulletin officiel.
Voilà qui devrait susciter de vives tensions entre le ministère de tutelle et plusieurs bénéficiaires d’agréments dans les milieux de la famille de la résistance, l’armée, le sport, la chanson et l’art, la fonction publique et même dans la presse. L’opposition à cet avant-projet de décret devrait être plus féroce qu'en 2012, lors de la publication des listes des propriétaires d’agréments de transport accordés par la tutelle. Aziz Rebbah s'attaque en effet à un des fiefs de l'économie de rente.
Le nombre des agréments de taxis (grands et petits) est de 70 000, selon les déclarations de l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser (3 janvier 2012-10 octobre 2013). En juillet 2012, lors d'une séance des questions orales à la Chambre des représentants, il avait expliqué que la majorité des bénéficiaires de ces cadeaux sont «des veuves de résistants, souvent issues de familles démunies», reconnaissant toutefois au passage «quelques irrégularités».