Le président du conseil provincial de Sidi Ifni a démissionné de son poste. Une première au Maroc. Hassan Johadi, issu des rangs de l’USFP (opposition), explique dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur et au gouverneur les raisons de son initiative par la «marginalisation» de sa ville par Mohamed Hassad. En effet, celui-ci n’a pas daigné faire une escale dans la capitale des tribus des Aït Baâmrane. Dans un précédent article, nous avions mentionné que la population s’attendait à une visite du ministre le dimanche 30 novembre.
Des sources locales nous ont confié qu’elle avait bien été programmée mais annulée à la dernière minute par crainte que la délégation que conduisait Hassad ne soit accueillie par des protestations identiques à celle de Bouizakarne, une région fortement touchée par les inondations. Justement, hier, les autorités ont procédé à l’arrestation de six manifestants. Parmi eux figurent trois élèves.
Le calcul politique présent
Dans sa missive, Johadi pointe du doigt l’ «exclusion» des élus de Sidi Ifni dans la préparation des opérations de secours et la collecte des aides par les représentants de l’Administration territoriale. Les inondations des derniers jours ont montré que c’est le ministère de l’Intérieur qui est aux commandes et non les conseils municipaux, les mairies ou les autres ministères.
Dans une région où la relation entre les tribus des Aït Baâmrane et le pouvoir central sont plutôt froides, le geste de l’USFPeiste n'est pas dénué de calcul politique. A quelques mois de l’échéance des élections communales de 2015, cette lettre de démission devrait permettre à l’ex-président du conseil provincial de gagner en popularité auprès d'une population qui s’estime marginalisée depuis des années par le pouvoir central à Rabat.
Par ailleurs, la situation à Sidi Ifni ne s’est toujours pas améliorée, plusieurs quartiers de la ville sont encore sans eaux ni électricité. Le constat est pire dans les communes rurales, isolées depuis des jours à cause de l’effondrement des ponts et des routes coupées. Des estimations locales avancent le chiffre de 200 familles sinistrées.