François Hollande s’est déplacé en personne à l’Institut du monde arabe pour inaugurer, au côté de la princesse Lalla Meryem, l’exposition «Le Maroc contemporain». Une présence très remarquée alors que trois jours auparavant, le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, s’était fendu d’un véritable réquisitoire contre la politique française à l’égard du Maroc.
Hollande veut tourner la page
Le locataire du palais de l’Elysée a saisi cette occasion pour réaffirmer sa volonté de «dépasser les difficultés qui peuvent parfois surgir, parce que nous avons besoin l’un de l’autre, le Maroc de la France et la France du Maroc». Le président français a émis le souhait que les deux pays «non seulement demeurent des partenaires d’exception mais puissent encore davantage coopérer dans tous les domaines».
Des messages d’apaisement très clairs que François Hollande adresse directement au roi Mohammed VI. Le président français veut définitivement tourner la page de la crise diplomatique qui a officiellement été déclenchée en février dernier, au moment de l’éclatement de l’affaire Hammouchi.
Hollande réussira-t-il là où son Premier ministre a échoué ?
Les propos exprimés, aujourd’hui, par le président français ne sont pas sans rappeler ceux de Manuel Valls, tenus au siège de l’ambassade du royaume à Paris à l’occasion d’une cérémonie organisée pour célébrer la fête du Trône. Au cours de celle-ci, le Premier ministre reconnaissait que «les relations d'amitié peuvent parfois traverser des périodes de turbulences. Et ce fut le cas, il ne faut pas se le cacher, ces derniers mois, pour la France et le Maroc», déplorant une «série d'incidents particulièrement regrettables».
Reste à savoir si cette main tendue de François Hollande aura plus de succès pour convaincre la partie marocaine d’oublier la série d’affaires à l’origine des tensions diplomatiques. La convocation de Abdellatif Hammouchi, l’humiliation de Salaheddine Mezouar à l’aéroport Charles de Gaule et l’affaire Abid-Bennani sont venus entacher les relations entres les deux pays. Mais le mal pourrait être encore plus profond car le Maroc a surtout du mal à avaler le peu de soutien français au Conseil de sécurité de l'ONU en 2013 lorsque Washington avait présenté un avant-projet de résolution proposant un élargissement du mandat de la Minurso au Sahara occidental.