Le ministre de la Communication défend le département de l’Intérieur. A l’issue du conseil de gouvernement, du 2 octobre, Mustapha El Khalfi a affirmé qu’il n’y avait eu aucune restriction systématique des activités de certaines associations. Ce discours rappelle d’ailleurs les arguments brandis par Mustapha Ramid lorsqu’il est interpellé sur la pratique de la torture.
Un contre-pied à la position de Ramid
Le porte-parole, assumant parfaitement son rôle d’avocat du ministère de l’Intérieur, a assuré que du début de l’année jusqu’à fin septembre, le tissu associatif national a brillé par son dynamisme. Chiffre à l’appui, le porte-parole du gouvernement a précisé que durant cette période, le Maroc a abrité 4 320 rencontres organisées par 40 ONG travaillant toutes dans le domaine des droits de l’homme, soit, selon ses dires, une moyenne de 120 activités par semaine.
De son côté, l’AMDH compte, depuis juin dernier, 15 interdictions de réunions, décrétées par l’Intérieur. Même celles qu’elle avait prévues de tenir dans des hôtels n’ont pas échappé à ce tour de vis. Le timing de ce durcissement de ton n’est pas fortuit. Il intervient au lendemain des propos, tenus le 15 juin, devant la Chambre des représentants, par le ministre de l’Intérieur. Mohamed Hassad estimait alors que sous couvert de défense des droits de l’homme, des ONG mettent en doute l’action des services de sûreté, aidées en cela par les multiples soutiens financiers qu’elles reçoivent de l’étranger.
En tout cas, la position exprimée par El Khalfi tranche complètement avec celle défendue par son collègue au gouvernement et au PJD, Mustapha Ramid. Le 24 septembre à Rabat, le ministre de la Justice et des Libertés avait, clairement, pris ses distances avec le ministre de l'Intérieur, précisant que toutes les «parties» qui agissent de la sorte contre des associations, dûment reconnues, sont «dans l’illégalité».
Le secrétariat du PJD a abordé la question en interne
Le sujet de la vague d’interdictions d’activités de certaines ONG s’est frayé un chemin à la réunion du secrétariat général du PJD. Une majorité s’est prononcée pour la condamnation de ces mesures anti-démocratiques, alertant de leur impact négatif sur la popularité du parti de la Lampe.
Une source nous confie qu’en dépit de la nature du débat il n’y a pas de communiqué dénonçant ou même appelant le ministère de l’Intérieur à réviser sa nouvelle politique, notamment à l’égard de l’AMDH. Le parti a sans doute voulu éviter d’embarrasser son chef de file, Abdelilah Benkirane.