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Maroc: Le commerce bilatéral avec l'Afrique subsaharienne reste faible par rapport à son potentiel [Etude]

Depuis qu’il s’est lancé dans le renforcement de la coopération Sud-Sud, le Maroc ne cesse d’investir en Afrique subsaharienne. Selon une étude menée par la Direction des Etudes et des Prévisions Financières, 51% des IDE marocains à l’étranger sont allés dans ces pays entre 2003 et 2013. De leur côté, les échanges commerciaux ont également enregistré une forte croissance au cours de cette période, mais quelques facteurs continuent encore de les pénaliser, notamment les mesures non-tarifaires, l’insuffisance d’infrastructures de transport et le manque d'informations au sujet du cadre préférentiel du commerce avec les pays partenaires.

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Le Maroc entend exploiter les potentialités du marché africain. Pour y arriver, le royaume compte sur ses investissements directs étrangers qui ont fortement progressé ces dix dernières années. Selon une étude menée par la Direction des Etudes et des Prévisions Financières, 51% des IDE marocains à l’étranger sont allés en Afrique Subsaharienne entre 2003 et 2013. Ils représentent même 85% du total des IDE sortants vers le continent.

Une forte part que le Maroc entend donc faire fructifier dans les années à venir. Et si les IDE marocains dans la région fluctuent d’une année à l’autre, comme le note la DEFP, leur part reste toujours élevée dans le total, représentant jusqu’à 88% des flux d’IDE sortants en 2010. «La répartition sectorielle des investissements directs marocains en Afrique indique que la moitié des flux sortants des IDE marocains entre 2007 et 2012 concerne le secteur des Banques (52%), suivi des Télécommunications (32%), des Holdings (7%) et de l’Industrie (3%)», indique l'étude. Maroc Télécom, Attijariwafa Bank, BMCE Bank, la BCP, Managem, la RAM et Ynna Holding constituent les principaux investisseurs en Afrique subsaharienne.

Le potentiel des échanges encore inexploité

S’agissant des échanges commerciaux Maroc-Afrique Subsaharienne, l’étude révèle qu’ils ont connu «une nette progression sur la dernière décennie». Sur la période 2003-2013, leur montant global a augmenté de 13% en moyenne annuelle pour se situer à près de 36 milliards de dirhams en 2013, représentant environ 6,4% de la valeur totale des échanges extérieurs du Maroc contre 4,6% en 2003». Sur cette période, les exportations ont enregistré une progression annuelle moyenne de 16%, représentant 8,8% des exportations totales du Maroc contre 4,2% en 2003, alors que les importations ont également suivi la même tendance avec une croissance de 12%. Cependant, nuance l’étude, la plus grande partie des échanges commerciaux du Maroc avec le continent africain s’effectue avec les pays de l’Afrique du Nord (60% en 2013), notamment l’Algérie (35%), alors que les échanges avec l’Afrique subsaharienne n’ont représenté que 40% en 2013.

Le royaume peut, de ce fait, renforcer ses échanges avec l’Afrique subsaharienne en s’ouvrant plus à certains marchés peu exploités. Ses exportations vers l’Afrique subsaharienne ont fortement augmenté entre 2003 et 2013 (18% annuellement), mais ses importations restent encore très limitées (0,7 de son total en 2013). Ce qui lui confère un solde commercial «largement excédentaire depuis 2008». Ce solde s’est «nettement renforcé ces dernières années pour atteindre 8,9 milliards de dirhams en 2013», explique l’étude, précisant que les exportations marocaines couvrent en effet quatre fois les importations depuis l’Afrique subsaharienne.

Toutefois, le commerce bilatéral entre le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne demeure faible par rapport à son potentiel, notamment sur le marché du textile, des produits chimiques et agricoles, où les partenaires subsahariens comptent plus sur l'Inde, la Chine et la France. «Ce potentiel pourrait être atteint à travers la dynamisation et la diversification du cadre de coopération entre partenaires», explique l’étude, qui précise que «les exportations des deux partenaires demeurent polarisées sur les produits les moins dynamiques de la demande mondiale», au détriment des secteurs à forte croissance comme les services.

Infrastructures, mesures non-tarifaires, manque d’informations…principaux obstacles

L'étude revient également sur plusieurs obstacles qui pénalisent les échanges entre les deux parties. En premier, les insuffisances structurelles spécifiques aux pays en développement (absence d'infrastructure de transport) et le manque d’information des opérateurs marocains au sujet du cadre préférentiel du commerce avec les pays partenaires. De plus, souligne l’étude, les mesures non-tarifaires et la multiplicité des régimes fiscaux entre les pays sont de nature à augmenter les coûts de transaction afférents aux échanges extérieurs entre les deux partenaires.

L’absence quasi totale de lignes directes de transport terrestre ou maritime, génère des surcoûts et limite incontestablement la compétitivité-prix des produits échangés, explique la DEFP. Mais la progression soutenue des échanges entre les deux parties entre 2000-2012 laisse suggérer «qu’un potentiel de développement du commerce existe bel et bien». 

En plus avec le rythme de croissance sur la dernière décennie qui s’est élevé à une moyenne de 5% par an pour l’ensemble du continent, il y a beaucoup à gagner à investir en Afrique. Pour tirer son épingle du jeu et «intégrer cette dynamique», le Maroc devra mettre en place «une stratégie de coopération Sud-Sud plus adaptée et ciblant prioritairement son voisinage subsaharien».

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