Podium peu honorifique pour le Maroc. Le royaume occupe la troisième place mondiale du vol à l’étalage selon l’étude 2012/2013 du baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution, établi par le spécialiste Checkpoint Systems et repris par La Vie Eco. En effet, le Maroc n’est devancé que par l’Inde et la Russie. Selon les chiffres de l’étude, les enseignes de la distribution moderne dans le royaume ont vu 1,74% de leur chiffre disparaître à cause du phénomène en 2012 contre 1,62% une année auparavant.
Près de 250 millions de dirhams de perte de C.A dans la grande distribution
Globalement, le taux de vol à l’étalage varie d’un secteur à un autre. Il se situe ainsi à 1,4% dans la grande distribution, explique un opérateur à la même source. Rien qu’en 2012, le secteur a accusé une perte de 249 millions dirhams dans son chiffre d’affaires estimé à 21 milliards de dirhams. Les enseignes subissent des pertes différentes. Chez Carrefour par exemple, elle se situe à un niveau beaucoup plus bas : 0,5%, soit 30 millions de dirhams de perte en 2013 pour un C.A de 6 milliards de dirhams.
Par contre, les secteurs du prêt à porter et de l’ameublement enregistrent les plus importants taux de vols à l’étalage : plus de 2% du C.A. Karim Tazi, le PDG de Marwa, laisse entendre que le secteur enregistre une perte moyenne de 1,5% du C.A par an.
Les collaborateurs pointés du doigt
Autre détail surprenant, si la majorité pourrait penser que les vols sont commis par des clients, les patrons de la grande distribution et surtout ceux du prêt à porter accusent d’abord leurs collaborateurs. L’exemple de Riyad Laissaoui, DGA de Carrefour est frappant : «avec la complicité de nos collaborateurs, certains clients peuvent aussi acheter un kg de filet de bœuf au prix de la viande de Tagine», confie-t-il à La Vie Eco, ajoutant que «…les vols les plus importants» sont commis par leurs collaborateurs. Ces vols causent pourtant préjudice aux fautifs. «Entre 10 et 20 collaborateurs sont virés» annuellement par l’enseigne pour vol.
Karim Tazi souligne, de son côté, que dans le prêt à porter, «la quasi-totalité des vols sont effectués par des collaborateurs». Pour le manager du groupe Al Hokair, ce sont les intérimaires qui causent d’énormes préjudices aux boutiques prêts à porter. «Avant la fin de leur contrat, ils passent directement à la caisse et volent des montants importants».
Les vols dans les magasins d’ameublement le confirment. En effet, «les clients ne peuvent pas voler un matelas ou un canapé», confie ainsi le directeur d’exploitation d’une chaîne d’ameublement à la même source. Ces affaires impliquant les collaborateurs sont pourtant souvent résolues «à l’amiable», explique un opérateur, car la police ne considèrent pas qu’elles méritent le déplacement.