A Saïdia, une nouvelle affaire de spoliation immobilière surgit. Les victimes sont les héritiers de Talha El Baghdadi et Talhaoui Boulanouar. 23 hectares sont au cœur du conflit. Le dossier est entre les mains de la justice. Après un passage en première instance et en appel à Oujda, il est, depuis avril dernier, au niveau de la cour suprême de Rabat. C'est le dernier recours pour les plaignants afin de récupérer légalement leur bien.
L’une des victimes témoigne à Yabiladi
L’affaire a commencé entre 2003 et 2005. «Les grands projets lancés à Saïdia attirent la convoitise de quelques chasseurs de propriétés non encore enregistrées au cadastre et se trouvant à quelques mètres de la plage. Celles des familles Baghdadi et Boulanour, descendants des tribus Oulad Mansour et Oulad Ramdane, remplissent les deux conditions», nous confie Abdelkader Azzouzi, un représentant des victimes.
Par des procédés peu transparents, une personne a réussi à enregistrer les 23 hectares en son nom. «Elle aurait utilisé des numéros ayant servi à l’enregistrement de propriétés remontant à 1930. Ce qui est, d’ailleurs, illégale !», ajoute-il. Le montage de toute de l’opération a également nécessité la présence de témoins et de quelques complicités au niveau du cadastre.
Des complicités recrutées même chez la défense des héritiers
La patrie adverse des familles El Baghdadi et Boulanouar a prouvé qu’elle a plusieurs cordes à son arc. «Une fois le dossier porté devant le tribunal de première instance à Oujda, les victimes sont surprises par la décision unilatéral d’un de leur avocat, annonçant aux juges le retrait de la plainte de ses clients», nous explique Azzouzi.
Heureusement pour les héritiers qu’ils avaient portés plainte, également, devant la chambre criminelle relevant de la Cour d’appel de Oujda. Une juridiction qui a prononcé un verdict en faveur de l’auteur présumé de la spoliation immobilière. Tous les espoirs sont désormais portés sur la Cour suprême. «Le verdict est prévu fin septembre», assure Abdelkader Azzouzi.
La mobilisation des héritiers force l’intervention des autorités
Parallèlement à l’action judiciaire, les deux familles ont recours aux actes de protestations. Des sit-in sont organisés sur les deux propriétés, soutenus par des sites d'actualité à Saïdia. La médiatisation du dossier a contraint les représentants du ministère de l’Intérieur de nouer le dialogue avec les victimes.
Après une première rencontre, le lundi 24 au Cercle de la ville, une deuxième s’est tenue, le vendredi 29 avec la participation de tous les représentants de l’Administration territoriale, de l’agence urbaine et du cadastre. «Nous leur avons fourni tous les documents en notre possession justifiant nos droits. Ils ont promis de les examiner. Nous sommes confiants en leur jugement», conclut Azzouzi.
Mais le temps presse. Sur les deux propriétés, une société immobilière a d'ores et déjà installé un bureau de vente de lot de terrain aux particuliers.