Après les affrontements entre Marocains et Subsahariens qui ont fait un mort et plusieurs blessés à Tanger, la police marocaine a arrêté plusieurs migrants dont certains devraient être rapatriés dans leur pays. Selon des sources espagnoles, les forces de l’ordre du royaume ont procédé à l’arrestation de ces migrants, dans la nuit de lundi.
Pour le moment, aucune source officielle marocaine n’a confirmé l’information, contrairement à deux ONG qui soutiennent les migrants et des sources du Conseil national des droits de l’homme.
Arrestation, jugement, expulsion
Selon un ressortissant camerounais cité par EFE, onze Camerounais, huit Sénégalais et des migrants d’autres pays font partie des subsahariens arrêtés. En tout 35 personnes ont été arrêtées suites aux manifestations de Subsahariens à Tanger après le meurtre du Sénégalais Charles Ndour, vendredi soir, à Boukhalef.
«Nous n’avons pas été arrêtés pendant la manifestation, mais hier, dans la rue, en ville. Nous avons expliqué que nous n’étions pas présents lors de la manifestation, mais ils nous ont présentés au juge. Nous avons été condamnés à 1 mois de prison avec sursis et 1 000 dirhams d’amende, hier. On pensait donc que l’on était libre, mais 8 d’entre nous sont allés en prison, et les 27 autres ont été remis en cellule, menottes aux poignets. On a été embarqué dans en bus en direction de l’aéroport de Casablanca pour nous expulser», nous raconte Hicham*, l’un d’entre eux. Selon nos dernières informations le bus, arrivé à 4h du matin, était encore devant le terminal 3 de l’aéroport Mohammed V, en fin de matinée.
Mobilisation des associations
«Nous serions déjà à l’intérieur de l’aéroport si nous ne nous étions pas opposés aux policiers», assure Hicham. A Boukhalef, sa fille de 8 mois et sa femme l’attendent. «Parmi les personnes retenues dans le bus, il y a Arona, un militant actif de l’association ARMID [Association Rencontre Méditerranéenne pour l’Immigration et le Développement, ndlr] qui est en situation régulière. Apparemment aucune procédure n’a été respectée», détaille Hicham Rachidi, secrétaire général du GADEM, groupement associatif pour la défense des droits des migrants.
Le milieu associatif de défense des droits des migrants se mobilise actuellement pour empêcher leur expulsion. «Nos avocats sont en train de s’organiser pour déposer en urgence un recours au tribunal administratif», indique Hicham Rachidi. «Je sais que le Conseil régional des droits de l’homme est sur place également, mais ils n’ont pas l’autorisation de les approcher», ajoute Helena Maleno, membre de l’association Caminando Fronteras à Tanger. «J’ai soulevé le cas de ces hommes lors de la réunion avec le ministère des MRE et des Affaires de la migration, ce matin, indique Stéphane Julinet, membre du Gadem, mais j’ai obtenu pour toute réponse «on fait ce qu’on peut, on va s’en occuper».
*le nom a été modifié