Les dernières prouesses de Mounir El Haddadi sous le maillot du FC Barcelone attirent tous les regards. Le jeune attaquant hispano-marocain qui a crevé l’écran, à tout juste 19 ans, a suscité beaucoup d’intérêt dans les médias espagnols. Ces derniers reviennent sans cesse sur son parcours et celui de sa famille. Le quotidien El Mundo a réalisé une longue interview avec le père du joueur, Mohamed El Haddadi qui a saisi l’occasion pour revenir sur son arrivée risquée en Espagne, ses petits métiers et l’éclosion de son fils qui fait aujourd’hui le bonheur de la famille.
Arrivé en patera
Mohamed n’avait que 18 ans lorsqu’il a débarqué en Espagne un 1er juin 1966. Il avait alors quitté Fnideq avec une vingtaine de personnes pour rejoindre la péninsule ibérique. Son voyage s’est déroulé comme prévu, mais une fois arrivé, il sera vite confronté aux difficultés quotidiennes. «Je ne pouvais pas être embauché car je n’avais pas de papiers. J'ai été marchant ambulant, j’ai vendu dans les marchés…j’ai échappé à la police pour ne pas me faire expulser», confie-t-il.
«Je suis arrivé à Bilbao où je suis resté pendant quatre ans. J'étais à la foire pour vendre des bijoux. Dans cette ville, j'ai rencontré un cuisinier basque», explique-t-il. C’est dans ce métier qu’il a pu se construire une solide réputation. Mohamed avait auparavant travaillé dans une usine de jambons et de fromage, où ses patrons lui ont permis d’obtenir des papiers.
Mounir et le FC Barcelone
Le 1er septembre 1995, son fils Mounir vient au monde, à San Lorenzo de El Escorial, une communauté de Madrid. Enfant, le garçon était un fervent fan du Real Madrid, mais c’est bien à la Masia du FC Barcelone qu’il jouera après un passage à l’Atletico Madrid et un prêt au Rayo Majadahonda. Son père Mohamed s’est entre temps forgé une solide réputation dans la cuisine en travaillant avec le chef Iñaki Ongay. «Je n’ai jamais rien vu de tel. Il faisait le meilleur barbecue que je n’ai jamais vu. Il assaisonnait mieux que moi», explique son ancien mentor Ongay.
Le restaurateur revient sur l’intérêt du FC Barcelone pour El Haddadi. «Quand Barcelone s’est intéressé (à Mounir), nous lui avons recommandé d’y aller. J’ai expliqué à Jaime (surnom de Mohamed) c’est quoi la Masia». Le père voulait éviter toute pression à son fils. Ongay explique que Mohamed est fort comme personne. «Durant toutes les années qu’il a passées avec moi, il ne m’a jamais demandé d’augmentation. Petit à petit, il a obtenu son salaire net de 1.700 euros.»
Les pieds sur terre
Le départ d’El Haddadi pour la Masia était difficile à supporter. Mais le père, qui n'est resté que quatre mois en Catalogne, a appris à s’y faire. Mohamed garde toutefois les pieds sur terre malgré le succès de son fils. Il n’achète pas des choses extravagantes, il vit comme avant, «dans son appartement de 70 m2 où vivaient jusqu'à 14 personnes. «Il aidait tout le monde», confie un de ses amis Mahmoud. Son ex-chef Iñaki Ongay explique qu’il demandait toujours les restes pour les apporter à un couple qui n’avait pas un sou et qui habitait sur un terrain vague.
Zaida, la mère de Mounir est une autre battante. Née à Melilla, elle a travaillé en tant plongeuse dans un restaurant. Aujourd’hui, elle s’occupe des frères du footballeur à la maison. Très avare en parole, elle se réjouit juste de la réussite de son fils. «Sur mon fils, je peux seulement dire que nous sommes contents. Fiers. Il est les yeux de sa famille».