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Grand Angle

Embargo russe sur l'UE : Il sera difficile pour le Maroc d’en profiter sans une bonne logistique

L’embargo russe sur les produits agroalimentaires européens et américains suscite de gros espoirs chez les autres pays producteurs et exportateurs, le Maroc n’étant pas en reste. La question est abordée avec beaucoup d’optimisme par les médias et professionnels du pays. Mais l’Association marocaine des producteurs exportateurs de fruits et légumes (APEFEL) insiste sur la nécessité de renforcer la logistique pour espérer grignoter des parts de marché, car les opérateurs doivent actuellement se contenter d’une seule desserte maritime par semaine pour un marché de plus de 147 millions d’habitants.

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Le Maroc pourrait-il vraiment tirer profit de l’embargo d’un an prononcé par la Russie sur les produits agroalimentaires européens ? En Espagne, les professionnels répondent déjà par l’affirmative, estimant que le royaume a désormais toutes les chances de se positionner, notamment avec sa tomate.

Même son de cloche à l’Association marocaine des exportateurs. «Nos amis russes nous ont contactés pour nous informer de la nouvelle avant qu’elle ne soit publique. Nous nous préparons donc à une offensive», a confié le président de l’Association marocaine des exportateurs, Hassan Sentissi El Idrissi, dans un entretien avec Les Eco. Il estime que cet embargo «est une occasion unique pour le royaume d’intégrer le marché russe une bonne fois pour toutes».

Notons que l’embargo concerne la viande, la volaille et ses dérivées, les saucissons et les produits fumés, le poisson, le lait et tous les produits laitiers, ainsi que les fruits et légumes provenant de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis, du Canada et de l’Australie. Mais «les secteurs les plus touchés seront les fruits et légumes», assure au journal Sud-Ouest Henri Bies-Péré, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) d'Aquitaine. Ce qui pourrait justement laisser une chance aux exportateurs marocains. Cependant, l’Association marocaine des producteurs exportateurs de fruits et légumes se montre plus réservée que sa consœur l’ASMEX. «C’est trop tôt pour se prononcer», juge le secrétaire général Saad Silimani, contacté par Yabiladi.

Le défi de la logistique

Il reconnait toutefois qu’on ne peut nier qu’une opportunité se profile. En effet selon des statistiques officielles rapportées par le site Russia Beyond The Headlines, Moscou achète environ 70% de ses fruits à l’étranger et 32% de ses légumes proviennent d’Europe. De plus, le pays compte 143,7 millions d’habitants, ce qui en dit long sur les possibilités pour les pays comme le Maroc.

Toutefois selon Saad Slimani, le défi de la logistique est «extrêmement» décisif pour le royaume. Actuellement en effet, une seule desserte hebdomadaire, celle d’Agadir/Saint-Petersburg, relie les deux pays. «C’est le gros problème que nous avons avec le marché russe. Avec une seule desserte par semaine, vu son importance, c’est comme si on est quasi-absent», explique M. Silimani, soulignant que le transport maritime reste le mieux indiqué en raison de la distance entre le Maroc et le Russie.

En effet, même si la tomate, la clémentine ou encore les courgettes marocaines sont disponibles sur le marché russe depuis quelques années, leurs proportions restes très faibles. Cette semaine même, des opérateurs expédieront des tomates cerises vers la Russie, nous fait savoir le professionnel. «Mais cette exportation n’est pas très significative, car les Russes demandent plus la tomate conventionnelle, explique-t-il. Or, celle-ci est mise en production en octobre et nous commençons les exportations vers novembre».

D’après le SG de l’APEFEL, les exportateurs marocains ont demandé un passage à trois lignes pour la campagne prochaine et ils espèrent pouvoir les obtenir. Car comme relève notre source, cet aspect est d’autant plus important que le Maroc n’est pas soumis à des quotas pour ses exportations vers la Russie, comme c’est le cas avec l’UE. «Nous avons donc la possibilité d'exporter de grandes quantités. Il faut juste que la marchandise soit correcte parce que les Russes deviennent de plus en plus exigeant en termes de qualité».

La concurrence d’autres gros opérateurs à considérer

Par ailleurs, les opérateurs nationaux devraient prendre en compte la présence plus significative d’autres gros opérateurs, lesquels pourraient jouir d’un certain avantage. En France à titre d’exemple – qui livre directement et annuellement 50 000 tonnes de fruits et légumes à la Russie , dont 8% de tomates et concombres – les exportateurs voient plus l’Afrique du Sud ou la Chine s’approprier les parts de marchés de l’UE au cours des douze prochains mois.

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