C’est à visage découvert et l’identité déclinée que le Sahraoui, Amrabih Ahmed Mahmoud, est apparu dans une vidéo diffusée par la chaîne Laâyoune TV. Une première depuis le lancement, depuis des mois, de l’opération «une minute pour la vérité». L’auteur de l’enregistrement est très connu dans les milieux de la contestation civile dans les camps de Tindouf. Il fait partie des jeunes qui ont observé un sit-in ouvert, de plus de six mois, devant le siège de la représentation du Haut-commissariat des réfugiés, réclamant une implication de l’instance onusienne dans la distribution des aides humanitaires à la population.
Dénoncer la torture subie par un militant du Mouvement du 5 mars
Contrairement aux précédents enregistrements, celui de Amrabih Ahmed Mahmoud n’est pas une plainte personnelle ponctuée par un appel au changement de la direction du Polisario. Bien au contraire. La vidéo est un fort message de soutien au dissident El Ghailani Lahcen Ould Boumrah, condamné mercredi par un tribunal des camps, à deux ans de prison pour «constitution de bande criminelle».
Il s’agit d’un ancien militaire connu pour ses positions très critiques à l’égard de la direction. Avant son interpellation, le 17 juin, à son domicile, il militait au sein du Mouvement du 5 mars, crée dans le sillage de la vague du «Printemps arabe». Initialement inculpé pour construction illégale d’une boutique, l'accusation a vite évolué suite à l’incendie qui a ravagé les locaux de la jeunesse du Polisario. La version officielle le présente comme en étant l’auteur.
L’enregistrement s’interroge sur le silence des ONG des droits de l’Homme
La nouvelle vidéo à visage découvert de Amrabih dénonce également le silence des organisations internationales des droits de l’Homme. En effet, jusqu’à présent aucune ONG n’a émis le moindre communiqué ou même une brève déclaration de soutien à El Ghailani Lahcen. Pourtant le témoignage de Amrabih avance que le détenu politique aurait été torturé par les milices du Polisario.
Immédiatement après la sortie de la vidéo, les anciens camarades de Amrabih lors du sit-in ouvert devant l’antenne du HCR, l’accusent de trahison et d’être au service de l’ «ennemi marocain». C’est du moins ce qu’annonce un communiqué publié par un média sahraoui, proche de la jeunesse du Front.