L’armée espagnole tient le sinistre record d’être la première nation au monde à avoir gazé une population civile. Et c’était justement dans le Rif, entre 1924 et 1927, durant la guerre contre les combattants de Abdelkrim El Khatabi. A l’approche de la visite du roi Felipe VI au Maroc, prévue le 14 juillet, le parti des Verts, crée en 1948, demande, dans un communiqué, au nouveau souverain de réparer l’erreur historique commise avec l’autorisation et la bénédiction de la monarchie. Il réclame ainsi des «excuses officielles au Maroc au nom de l’Espagne et au nom de sa famille pour les crimes exécrables commis par l’armée espagnol au Rif en application des ordres de son arrière-grand-père Alphonse XIII».
En attendant le geste royal, les Verts demande pardon au Maroc
Les Verts se disent convaincus qu’une déclaration de la part de Felipe VI est à même de garantir au «roi non seulement le respect et l’admiration des Marocains mais également de plusieurs Espagnols qui ne s’identifient pas à une armée capable de telles atrocités». Et de préciser qu’une initiative de ce genre aura à coup sûr un impact hautement positif sur les relations entre les deux pays, contribuant à la construction d’une amitié sans rancunes.
En attendant le geste royal, les Verts ont tenu à donner l'exemple en «demandant humblement pardon aux Rifains et au Maroc pour les massacres honteux» commis par l’armée espagnole. «Maintenant, c’est à l’héritier de ladite monarchie de le faire», conclut le texte.
Gazer le Rif, une opération sous supervision de la couronne espagnole
La confédération des écologistes rappelle qu’immédiatement après la bataille d’Anoual, le 20 août 1921, le roi Alphonse XII a pris la décision de gazer les civils du Rif, en représailles à la défaite cuisante de son armée face aux troupes d'El Khatabi.
Grâce à une «assistance significative» de l’Allemagne, les premiers bombardements chimiques commencèrent durant l’été 1924 pour se poursuivre à une cadence infernale avec 1680 bombes lancées par jour. En tout, l’aviation espagnole mena 127 raids meurtriers contre les Rifains.
Pour mémoire, Juan Carlos avait demandé, en 1992, pardon aux juifs sépharades pour leur expulsion de l’Espagne en 1492 par la reine Izabella, suite à la chute de Grenade. Le gouvernement Rajoy a même proposé la nationalité espagnole aux descendants des expulsés. Felipe VI osera-t-il revenir sur cette page sombre de l'histoire entre les royaumes ibérique et chérifien, et tenter d' "effacer" les crimes commis par la couronne espagnole dans le Rif ?