Willy Meyer ne représentera plus l’Espagne au Parlement européen (PE) sous les couleurs du parti de Gauche unie, Izquierda Unida (IU). Et pour cause, préssé par son parti, il a annoncé mercredi sa démission de son poste de député européen, en raison de son implication dans un scandale financier, rapporte El Mundo.
Quand le discours ne cadre pas avec les actes
Il y a pourtant tout juste un mois, Willy Meyer a été réélu à son siège au PE en tant que tête de liste de I’Izquierda Plural mené par IU. Mais mardi dernier, le site d’information Infolibre a révélé sa participation à un fonds de pension retraite volontaire de députés européens géré sous la forme d’une SICAV au Luxembourg. Et ce, à très faible taxation, soit 0,01%. Ainsi, Monsieur l’eurodéputé cotisait seulement 1194 euros par mois entre 2004 et 2009, quand le PE participe à hauteur de 2 388 euros. De plus, la SICAV étant très rentable, chaque participant s’en sortait avec 50% du capital investi. La pilule a eu du mal à passer au sein de son parti dont les valeurs sont radicalement opposées à ce genre de pratiques, considérées comme de l’évasion fiscale. De plus, Meyer n’a cessé de prôner ces valeurs dans ses discours politiques tout au long de sa carrière.
Selon certaines sources, la direction de l’IU n’a pu obtenir sa démission qu’après beaucoup d’insistance. Mais lors d’une conférence de presse donnée ce vendredi, l’homme fort de l’IU a nié avoir subi une quelconque pression pour démissionner. Il prétend n'avoir jamais su que la SICAV luxembourgeoise intégrait des mécanismes d’évasion fiscale. Ainsi, dit-il, sa démission est uniquement le résultat d’«une décision mûrement réfléchie», par égard pour l’éthique du parti. «Je ne fais que m'acquitter de l'exigence que nous avons au sein de l’IU d’être transparents et exemplaires», a-t-il souligné.
Significatif pour le Maroc
Avec lui, trois autres eurodéputés espagnols sont tombés, dont Miguel Arias Canete du PP. Mais actuellement l’affaire fait polémique en Espagne, car les autres partis considèrent le fonds de pension légale, la seule erreur de Meyer étant - selon eux - de n’avoir pas déclaré ses cotisations.
Pour sa part, Willy Meyer ne considère pas sa carrière politique close. Il a d’ailleurs déclaré sur une radio espagnole ce matin que «la politique ne s'arrête pas dans les murs du Parlement». Cependant, son retrait de Strasbourg est significatif pour le Maroc. Il est vrai qu’aucun officiel ne s’est exprimé sur le sujet, mais ce proche du Polisario s’est longtemps servi de sa position au PE – où il est depuis 2004 - pour attaquer le Maroc sur le dossier du Sahara.
Conscient des idées qu’il défend, Rabat a dû – à plusieurs reprises – user des moyens forts en interdisant son séjour au Sud du royaume. Il sera remplacé au Parlement européen par Javier Couso, un artiste de formation. Mais reste à savoir si celui-ci partagera ou non les idées de son prédécesseur.