En dépit de l’interdiction des autorités, plusieurs dizaines de femmes soutenues par quelques hommes, ont pris part, hier après-midi, devant le parlement à Rabat, au sit-in contre les propos de Benkirane, tenus le mardi 17 juin à la Chambre des conseillers, invitant les femmes à rester chez-elles. Des propos qui ont enflammé les réseaux sociaux avant la tenue de ce mouvement de protestation.
La directrice d’information de 2M présente au sit-in
Si le nombre n’y était pas (moins de 200 personnes), la qualité des participantes a nettement compensé avec des femmes politiques, de la société civile et même du monde des médias. C'est sans aucun doute Samira Sitaïl, la directrice d’information de 2M, qui a ravi la vedette aux autres contestatrices. A ses côtés, il y avait Nouzha Skalli, l’ancienne ministre de la Solidarité et la Famille sous le gouvernement Abbas El Fassi, actuellement députée du PPS, pourtant de la majorité gouvernementale, et Fatiha Ayadi, députée du PAM (opposition) et quelques membres du bureau politique de l’USFP qui ont scandé des slogans visant essentiellement le chef du gouvernement.
Des hommes étaient également présents au sit-in de l’Alliance civile pour l’opérationnalisation de l’article 19 de la constitution : Salah El Ouadie, un ancien détenu politique à la quête, depuis quelques mois, d’une nouvelle carrière dans l’associatif-politique après sa rupture brutale avec le PAM, Ahmed Assid, militant amazigh, Younès Moujahid, ex-patron du syndicat des journalistes, actuellement membre du bureau politique de l’USFP, les députés de l’Istiqlal, Adil Tchikitou, sorti de l’anonymat après son refus d’assister à la cérémonie d’allégeance au roi en 2013, Abdelkader El Kihel et le sénateur Abdelah Daîdaâ, président du groupe fédéral à la Chambre haute du parlement.
Dans l’ensemble, c’est surtout l’opposition qui a pris part à ce sit-in. En revanche, l’appel de l’Alliance aux femmes de porter un brassard rouge en signe de protestation contre les déclarations de Benkirane n’a pas été vraiment suivi. Le PJDiste ne devrait pas s’inquiéter outre mesure des conséquences de cette protestation plus médiatique que dans la rue. Malgré le tapage sur les réseaux sociaux, le mouvement a montré ses limites à mobiliser la gent féminine. Abdelilah Benkirane répondra-t-il aux attaques, ou bien préferera-t-il ignorer ce sit-in ?