C’est inédit. Dans la ville ocre, le prix du mètre carré ne dépasse pas les 10 dh. Une occasion en or mais seulement pour quelques privilégiés. Dans son édition de vendredi, le quotidien Al Massae assure que la commune urbaine de Marrakech, présidée par Fatima-Zahra Mansouri, membre du bureau politique du PAM, a cédé un lot de terrain de 3000 m2 de superficie pour la très modique somme de 30 000 dh. Le cadeau est situé dans une zone huppée de la ville (avenue Mohamed VI à Gueliz).
60 millions de dh partis en fumée
L’heureuse bénéficiaire de cette générosité n’est autre que la Fondation international du film, une association au titre d’utilité publique. C’est elle qui organise chaque année le célèbre festival du cinéma de Marrakech. C’est d’ailleurs Faiçal Laâraichi, le patron de la SNRT, en sa qualité de vice-président de la Fondation, qui a apposé sa signature sur le contrat de vente au côté de celle de Mme Mansouri.
Le journal Al Massae avance que le cadeau de la mairesse aurait fait perdre aux caisses de la commune urbaine de Marrakech quelques 60 millions de dh. Sachant que pour le commun des mortels le mètre carré dans cette zone dépasse les 20 mille dh. Ce cadeau de la mairesse s’ajoute, indique Al Massae, aux 3 millions de dh que la commune verse annuellement à la même Fondation en guise d'aides.
Pourquoi maintenant ?
Cette affaire de vente d’un lot de terrain à seulement 10 dh n’est malheureusement pas un fait isolé. En 2008, la mairie de Rabat avait cédé le terrain où jouait le club du FUS à une association présidée par le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir El Majidi, à 1 dh symbolique. Ce genre de transaction est de plus en plus fréquent. Ils ne concernent pas uniquement les proches du Palais.
Récemment un conseiller du PJD à la mairie de Casablanca a demandé la constitution d’une commission d’enquête sur les circonstances dans lesquelles un lot de terrain de 399 m2 appartenant au domaine de la mairie a été cédé à une personnalité influente de Casablanca dans des conditions peu transparentes. La Brigade nationale de la police judiciaire suit le dossier. Elle a entendu le PJDiste et quelques conseillers de la métropole.
Le timing de la révélation de cette affaire impliquant la mairesse de Marrakech serait-il lié à la guerre qui se prépare dans la ville ocre en prévision des prochaines élections communales de 2015 ? D'autant plus que la conclusion de l’acte de vente n'est pas récente mais remonte au 25 décembre 2009. Cinq années pendant lesquelles le document est restée à l'abri des regards jusqu'à ce qu'un journal le déterre.