Hit Radio n'existe que depuis 2006, et elle a lourdement investi pour être présente à travers le Maroc avec une programmation de qualité. Elle diffuse à 85% de la musique mais est également basée en grande partie sur l'interactivité et l'intervention des auditeurs pour être en phase avec leurs attentes, se dit engagée envers la jeunesse marocaine. Aujourd’hui, la radio est condamnée par le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle (CSCA) pour «manquements aux obligations légales prévues par la loi relative à la communication audiovisuelle, le cahier des charges de l'opérateur et la charte déontologique», rapporte la MAP.
Deux éditions de l'émission «Le Morning de Momo» seraient à l'origine de cette condamnation, celle du 18 et du 29 mai derniers. La radio a alors diffusé une version traduite en darija du tube de STROMAE «Alors on danse»; en darija: «Haz Al bot». Dans cette traduction, le CSCA aurait relevé un terme d'une «très forte connotation immorale et impudique» qui aurait «été proféré, de manière récurrente et délibérée».
Dans un communiqué, Hit Radio explique que le refrain de la chanson originale est samplé sur son début, où l'on entend seulement «Alors on dan...». La parodie «Haz Al Bot» reprend la même structure musicale que l’œuvre originale. L'expression «Haz Al Bot» a été coupée, ce qui donne, en version samplé. «Haz Alb…», «Haz Alb…», «Haz Alb…».
C'est cette «expression coupée et contractée» qui a «visiblement donné lieu à une mauvaise interprétation par le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle qui aurait entendu un mot utilisé en darija pour désigner le sexe masculin», indique le communiqué. Et ajoute que la radio «n’a jamais eu l’intention de heurter leur sensibilité ni d’attenter, par la diffusion de cette parodie, aux bonnes mœurs ou à la moralité publique.». «Nous souhaitions juste diffuser une version «arabisée» d’un tube international très apprécié de notre public comme nous le faisons régulièrement dans nos émissions», précise le communiqué.
Les sanctions touchent durement la radio, financièrement, mais aussi l'avenir même de la radio, car la réduction de la durée de la licence est l'ultime sanction possible avant le retrait pur et dur de la licence. Après avoir été sanctionné à deux reprises en novembre 2007 et en septembre 2008, la radio considérait avoir entamé une coopération constructive avec la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA).
Rappelant que la chaine avait supprimé définitivement l'émission visée par les décisions précédentes et qu'elle était un «acteur radiophonique ayant toujours fait le choix du dialogue», le communiqué mentionne que la radio «s'étonne de la gravité de la sanction.» La portée potentielle de cette décision inquiète les responsables de la radio, particulièrement en matière de jurisprudence induite dans la liberté de créativité des œuvres musicales locales.
Comme l'indique le communiqué, il reste à s’interroger sur la «proportionnalité» de la sanction «par rapport aux griefs qui lui sont tenu par la HACA».