Le débat de sourds entre l’UE et le Maroc au sujet du cadre d’accès des fruits et légumes marocains au marché européen se poursuit. La dernière étape a eu lieu hier à Bruxelles entre la délégation marocaine et son homologue. Seulement, celle-ci a encore accouché d’une souris. Alors que la délégation marocaine soutient toujours le maintien du cadre d’accès des fruits et légumes au marché de l’UE -comme il est défini dans l’accord agricole Maroc-UE -, la commission européenne campe elle sur sa position, rapporte L’Economiste.
Selon cette source, elle propose simplement quelques réajustements sur certains produits comme la fraise, l’ail ou le concombre. Des produits qui ne pèsent pas lourd comparé aux tomates, clémentines et courgettes.
L’OMC, l’ultime recours du Maroc ?
Aujourd’hui, le Maroc envisage même une solution de taille. Le royaume est plus que décidé à ne pas perdre cette bataille agricole. Il pourrait dans ce sens recourir à l’arbitrage de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) si l’Europe maintient cette mesure qui pénalise les agriculteurs marocains. Ces derniers menacent d'aller en justice si l’UE ne propose pas une offre valable à même de préserver leurs acquis. «Nous essayons de ne pas arriver à un niveau supérieur et nous voulons trouver une solution à l'amiable, mais cela ne fonctionne pas nous devrons utiliser d'autres moyens, y compris la procédure judiciaire», a déclaré à l’agence espagnole EFE Omar Mounir, vice-président de la Fédération interprofessionnelle de production et d'exportation de fruits et légumes. «Nous devons préserver nos intérêts et, même si nous savons que la décision ne peut être annulée, l'UE doit trouver un moyen de préserver les intérêts marocains», a-t-il ajouté.
La grogne des professionnels se comprend d’autant plus que la prochaine campagne pour le semis des tomates démarre dans quelques jours et ils n’ont toujours pas de solution sur la table. «Si aucune offre valable n’est présentée de la part des Européens, de nombreux opérateurs seraient dans l’obligation de recourir aux procédures juridiques pour défendre les acquis du secteur», indique à L’Economiste un autre membre de cette fédération.
Sur ce dossier, les deux parties risquent d’attendre encore longtemps puisque les positions semblent très éloignées. «C’est un processus qui va prendre du temps dans la mesure où la solution devrait satisfaire les deux parties», a expliqué à L’Economiste un porte-parole de la Commission européenne.
Début avril dernier, la Commission européenne avait modifié les prix d’accès des produits en provenance des pays tiers. Cette révision, qui doit entrer en vigueur en octobre prochain, affectera sans aucun doute les produits tels que les tomates, les courgettes et clémentines. Elle devrait également impacter l’emploi avec une perte de 30 000 postes et 150 000 tonnes de fruits et légumes qui ne seront pas exportés. Or, dès l’annonce de cette mesure, le royaume avait affiché son opposition, mais Bruxelles s’était montré réticent à l’idée de revoir sa position.