Le Maroc est la destination finale de la première opération d’exportation, par le biais d’un pétrolier, de carburant en provenance du Kurdistan irakien. La cargaison se trouve, depuis le vendredi dernier, au port de Mohammedia, environ 25 km au nord de Casablanca. La ville abrite la plus grande raffinerie du pays, une propriété du groupe saoudien Corral. Cette livraison sonne comme l'annonce officielle de la naissance d’un nouvel exportateur mondial du pétrole. Le Kurdistan tire, ainsi, les dividendes de la construction, l’an dernier, d’un oléoduc reliant le gisement Tak-Tak au pipeline Kirkouk-Ceyhan.
Auparavant, la province dirigée, depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, par la famille Barazani, qui jouit d’une large autonomie, vendait de petites quantités d'hydrocarbures à la Turquie voisine, par voie terrestre vers deux petits ports.
Le premier ministre irakien dénonce
Le gouvernement du premier ministre, le chiite Nouri Al Malaki, a toujours qualifié les ventes de l'or noir kurde de «contrebande». Bagdad estime que toute demande d’achat de carburant irakien doit impérativement passé par la société d’Etat de commercialisation du pétrole (SOMO).
Justement, il y a quelques heures, Nouri Al Maliki, dans un entretien accordé à une chaîne de télévision de son pays, a qualifié l’exportation du pétrole kurde au Maroc de «violation de la souveraineté et de la constitution» de son pays, au passage il a martelé qu’«on ne peut en aucun cas l’accepter». Dans de précédentes déclarations à la presse, Al Maliki avait qualifié ce genre d’opération conclue sans l’autorisation du gouvernement de Badgad de «vol plutôt que de transaction».
Plainte de Bagdad contre Rabat ?
Jusqu’à présent Nouri Al Maliki, l’homme fort du pays, a évité d’annoncer des mesures de représailles contre le Maroc. Bien que l’entreprise publique SOMO a dans un communiqué, menacé de sanctions tout possible acheteur, personne physique ou morale, du carburant kurde.
Par le passé, les autorités de Badgdad ont déjà demandé l’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, basée à Paris, dans le différend l’opposant à la Turquie, accusée de faciliter l’accès du pétrole kurde aux marchés mondiaux. Le gouvernement de Nouri Al Maliki demande à Ankara 250 millions de dollars de dédommagements.