La «Journée sans immigrés» n'était pas encore pris en compte dans la période d'analyse, elle n'a pas eu l'effet espéré, mais sa pertinence s'est encore une fois prouvée ce lundi. Les statistiques présentées alors lors d'une conférence de presse de la CNCDH (reprises par l'AFP) sur l'état des droits de l'homme et les discriminations en France sont alarmantes.
Selon un sondage réalisé en novembre 2009 sur 1004 personnes âgées d'au moins 18 ans, 47% des Français se disent d'accord avec l'affirmation selon laquelle «il y a trop d'immigrés aujourd'hui en France», soit près de la moitié. Sur un autre sujet – la méfiance envers l'islam – ce sondage a également révélé que pour 27% des personnes interrogées seulement, la religion musulmane n'évoque quelque chose de positif. Plus explicite encore, le port du voile pose problème pour 73% des sondés.
Ces sondages n'étaient cependant que complémentaires à l'étude de la CNCDH, qui révèle surtout l'évolution on ne peut plus claire des violences xénophobes. En 2007, 321 actes racistes et xénophobes avaient été enregistrés. En 2008, ce nombre a atteint 467, pour ensuite se dédoubler en 2009. En effet, selon des données recensées par les ministères de l'Intérieur et de la Justice en France, au moins 1026 actes xénophobes auraient été commis.
Comme le rapporte Marc Leyenberger dans une interview accordée au quotidien Libération, la violence de ces actes aurait augmenté dans le même ordre de grandeur que leur simple nombre. En 2009, des agressions avec blessures, des dégradations d'édifices religieux ou des violences d'un ordre semblable représentaient 220 sur 1026 actes enregistrés. En 2008, ce nombre était de 97 (sur 467). 33% des actes de violence raciste et 30% des menaces racistes visaient la communauté maghrébine, qui était ainsi, comme l'année précédente, la plus touchée. Les régions où le plus de violences ont été signalées sont l'Ile de France, le nord est, et la région Rhône-Alpes. 25 des actes recensés ont formellement été revendiqués par l'extrême droite, 156 présentaient une référence claire à l'extrême droite.
Les statistiques sur l'antisémitisme ont été considérées séparément des actes xénophobes, ce qui est quelque peu irritant et ne facilite pas la comparaison et l'analyse entre les données. Mais les actes antisémites auraient aussi connues une augmentation inquiétante de 77% en 2009. Comme rapporté par l'AFP, cela serait lié notamment aux attaques israéliennes sur la bande de Gaza en 2009; après ces évènements, une recrudescence d'actes antisémites aurait été observée. Ainsi, le nombre de faits antisémites serait passé de 459 en 2008 à 815 en 2009, dont 172 actes violents et 643 menaces et intimidations.
Chose surprenante, cette tendance à la hausse des violences intervient alors que, selon Marc Leyenberger, les Français se disent plus ouverts que dans le passé. «54 % des personnes interrogées ne se déclarent 'pas racistes du tout'», expliquait-il au journaliste de Libération. «Il y a encore trois ans, un sur trois se disait raciste», ajoute-t-il. En même temps, 84% des personnes estimeraient qu'actuellement, le racisme est «un phénomène répandu». Comme l'indique Leyenberger, il existe un «écart entre visions objectives et subjectives du racisme, entre la manière dont il est perçu et ce qu'il se passe réellement.»
Explication de l'avocat: «Les Français sont dans l'acceptation tant qu'on ne touche pas à leur petit jardin.»