Tout en précisant qu’il s’exprimait à titre personnel, le ministre historien a estimé que la burqa est «un phénomène marginal», qui, de ce fait, ne devait pas être interprêté comme «un problème de société». Selon lui, le voile intégral ne fait pas partie des obligations de la religion musulmane. «Il faut se méfier des comportements qui cachent des expressions politiques et sociales et qui utilisent un référentiel religieux qui n'a rien de principal par rapport aux fondements et aux priorités prescrits par l'islam», a-t-il précisé.
L’ancien directeur de l'Institut d'études africaines (IEA) de Rabat et de la Bibliothèque nationale du Maroc a estimé qu’«une femme est libre de se comporter comme elle veut» tant que c'est «d'une manière pudique». Il a même ajouté qu'au pèlerinage à la Mecque «les femmes ne se couvrent pas le visage».
A l’instar d’Ahmed Taoufiq, d’autres personnalités ont exprimé leur position concernant la question de l’interdiction de la burqa. Dans des propos rapportés par l’AFP la semaine dernière, la militante associative et des droits humains, Latifa Jbabdi, a soutenu l’interdiction du voile intégral «aussi bien France qu’au Maroc», «parce qu'il est humiliant pour les femmes». La ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité, Nouzha Skalli, a quant à elle, temporisé. Elle s’est félicitée de la tenue d’un débat, et a jouté que «la burqa n'est pas une obligation religieuse».
D’autres analyses ont été faites par le politologue et spécialiste des courants islamistes, Mohamed Darif, et par le président du conseil régional des Oulémas d'Oujda, Mohamed Benhazama. Pour le premier, «si les autorités françaises considèrent le voile islamique comme un signe politique, et c'est le cas, elles ont le droit de gérer souverainement leur espace politique». Quant au second, il a reconnu le droit des Français de «gérer souverainement la diversité culturelle» mais s’interroge si «on demande aux Français qui visitent les pays musulmans de s'habiller de telle ou telle manière?»