Le gouvernement Benkirane s'apprête à autoriser l’Office nationale de l’eau et de l’électricité à augmenter ses tarifs aux abonnés. C’est un moyen pour sauver l’ONEE de la menace de faillite. Mercredi soir, le siège de la présidence du gouvernement a abrité une réunion interministérielle consacrée à l’examen de la situation financière de l’office.
Signature d’un contrat programme
Un communiqué du département du chef de gouvernement a attribué la détérioration des recettes de l’ONEE, notamment à «l'important volume des investissements engagés face la demande grandissante en eau potable et en électricité, l'assainissement liquide» et à «la hausse des dépenses liées aux activités de production et de distribution de l'eau potable et de l'électricité ainsi qu'aux services d'assainissement liquide».
Le texte a reconnu que «les taxes perçues demeurent insuffisantes pour couvrir ces charges». Cette réunion préparatoire sera couronnée par la signature, le lundi 26 mai à Rabat, d’un contrat programme entre l’ONEE et l’Etat, comportant des engagements en matière de gestions et de financement et surtout d’ «imposition et de réglementation dans le but de rétablir progressivement l'équilibre financier de cet établissement». Voilà un autre indicateur annonçant la prochaine hausse.
Jettou dément Benkirane
Quelques heures avant que le chef du gouvernement et certains de ses ministres n’aient commencé leur réunion, le président de la Cour des comptes était au parlement. Abordant les finances de l’ONEE, Driss Jettou a affirmé, devant les députés et les conseillers, que sur l’ensemble du programme d’investissement de l’ONEE durant la période 2006-2012, seulement 20% a été réalisé.
Un sérieux démenti à l’excuse du gouvernement de «l'important volume des investissements engagés» par l’Office. Jettou a, également, souligné que le cumul des retards dans la réalisation de ces projets a coûté à l’Etat «46 milliards de dh». Le président de la Cour des comptes a révélé que l’ONEE s’est accaparé, en 2012, 13% du total des fonds de la Caisse de compensation, soit 7,2 milliards de dh.
Par contre ce plan de sauvetage de l’ONEE sera mené par les mêmes personnes qui ont conduit l’Office à la faillite. Le principe de la reddition des comptes, annoncée dans le 1er article de la constitution, a été une fois de plus, mis en sourdine. Et il en est de même pour les slogans de Benkirane visant à juger les mauvais gestionnaires de fonds publics.