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Grand Angle  

« Fissures » de Hicham Ayouch: Choquer et se défouler, assez pour faire un bon film?

Coup de cœur du Festival du Film de Marrakech (FIFM) en 2009, le film «Fissures» de Hicham Ayouch sortira dans les cinémas marocains le 2 juin prochain. Toujours à la limite de l'excès, ce film trash veut faire réagir et provoquer des débats sur la société et le cinéma au Maroc. Mais le résultat risque de décevoir, car ni une trame intéressante, ni un contexte étayé aident le spectateur à digérer les scènes chocs. Un court-métrage aurait fait l'affaire.

Publié
Hicham Ayouch, Photo: K. Nemmaoui
Temps de lecture: 2'

Ce n'est pas une véritable histoire, mais plutôt un assemblage de scènes qui attend le spectateur du film «Fissures», dernier long-métrage du réalisateur franco-marocain Hicham Ayouch. Ces scènes évoquent les relations difficiles entre Abdelsellem, Marcela et Noureddine, trois caractères très différents mais qui se retrouvent en relation triangulaire étroite à Tanger, où déroule le film.

Abdel, sexagénaire impulsif et macho, sort de prison et est logé dans la garçonnière de son ami Noureddine. Un soir, Abdel rencontre par hasard Marcela, dans le fast-food où il travaille, et, signe prémonitoire, se met d'emblée à pleurer sans raison. Marcela, artiste-peintre brésilienne, femme libre, indépendante mais aussi suicidaire, vit des aventures à la limite de la folie à Tanger, cette ville aux multiples facettes. Les deux se revoient deux jours plus tard, dans un bar, et il s'ensuit une folle histoire d'amour, un jeu improbable entre possessivité de l'un et désir de liberté de l'autre. Mais quand Marcela rencontre Noureddine, architecte solitaire mais sensible à l'art et à la poésie, les relations se compliquent.

A première vue, cette constellation entre caractères forts, unis de manière improbable pour vivre des moments forts, semble prometteuse. S'ajoute à cela la manière de filmer qui fait penser à des films documentaires ou alors aux films Dogma95, sans effets spéciaux et avec la caméra sur l'épaule pour suivre au plus près le jeu des acteurs. Ce tout a valu au film d'être considéré comme «film rebelle et anticonformiste», de film expérimental, «film choc», «Jules et Jim version trash».

Mais au lieu de tisser un ou plusieurs fils mettant en relief les vies et les destinées des uns et des autres dans le contexte de la diversité de la ville de Tanger, le film juxtapose seulement les scènes, sans véritable histoire. Les scènes sont fortes et pleines d'émotions, mais, sans trame qui contextualise et explique ces émotions, le spectateur est souvent confronté à la question du pourquoi. Pourquoi montrer la mort cruelle d'un mouton égorgé vif? Pourquoi continuer à montrer des scènes d'ivresse, quand après les premières, le spectateur peut avoir compris ce mélange de liberté et de fragilité dont ces scènes témoignent?

Est-ce pour choquer simplement? Hicham Ayouch le formule autrement. «Fissures» veut faire vivre au spectateur des émotions fortes, émotions qui ne s'exprimeraient pas assez au Maroc bien qu'elles fassent partie de la réalité de vie de beaucoup. Selon Ayouch, l'assemblage de scènes sans scénario était un effet de style. Ne pas s'enfermer par un scénario était chose voulue, les acteurs étaient libres d'improviser, d'ajouter leurs touches au film qui s'est ainsi développé sous leur impulsion.

Mais le résultat est que le film a des longueurs et devient par moment ennuyeux en ce que les excès des personnages deviennent prévisibles. Les aspects originaux, la violence des scènes et le doute qui plane sur viabilité de cette relation à trois auraient gagné à être réduits à un court métrage, aussi apte sinon plus à véhiculer une variété d'émotions fortes.

En fin de compte, on ne peut que suivre le réalisateur qui expliquait que ce film est «né d'une urgence, d'un besoin d'expression insoutenable», qu'il répondait à un besoin de se défouler. Et de se demander s'il sert à autre chose encore…

Bande annonce du film: (contient des scènes déconseillées aux moins de 18 ans)

La_médiocrité_marocaine?
Auteur : chipdrive
Date : le 12 juin 2010 à 08h57
Toujours niveller par le bas toujours...
Fissures dans Fissures
Auteur : Faris Redouane
Date : le 09 juin 2010 à 13h11
Bonjour,

Vendredi 04/06, j’ai été présent pour la projection de « Fissures » à la Cinémathèque-Rif de Tanger en présence du réalisateur et du staff du film.
Ce que je peux dire à propos de ce film c’est que c’était la plus pénible séance Cinéma à laquelle j’ai assisté, grâce à Mr Ayouch et son style expérimentale inexpérimenté et très amateur. D’ailleurs j’ai assisté dans cette même salle à des courts amateurs lors des festivals cinéma jeunes talents nettement meilleurs que ça soit du côté technique ou artistique.

Je m’efforçais et mes amis aussi à finir ce film ennuyeux. Beaucoup de gens n’ont pas pu finir et ont jugé de sortir après avoir été choqués et avoir gouté à cette création médiocre.

Je ne suis pas contre les scènes de sexe ni de violence ni d’alcool utilisées dans les films pour la bonne cause et dans la ligne d’expression artistique défendue dans ces films, (comme c’est le cas du dernière œuvre Hassan Benjelloun «Les oubliés de l'Histoire » mais je suis contre la perte du temps et de fonds d’un cinéma marocain en pleine expansion, laquelle on veut tous qu’elle présente le vécu et les problèmes du peuple Marocain d’une façon artistiquement évoluée et contemporaine Mais pas à la « Chakerbakerben » des années lointaines.
En fin de compte je remercie Frederic pour sa critique objective que j’appuie et à laquelle Mr Ayouch a répondu d’une façon fortement personnelle et je reprends la phrase du 1er intervenant Mohamed qui dit : Il n'y a qu'un amateur pour répondre à une critique comme vous le faites, c'est pathétique.

Cela est mon point de vue personnel qui ne m’engage que moi et la poignée de mes amis qui ont vu ce film, mais après tout c’est nous les spectateurs. (-_-)
Je pense que ce film mérite d'être vu, il est nouveau au Maroc
Auteur : MOHAMMED
Date : le 02 juin 2010 à 11h33
Toujours les mêmes scènes, toujours les mêmes thèmes, toujours les mêmes fins.
Un film montrant la vie des débauchés mériterait d'être vu? Ce film là, on le voit tous les jours dans les rues marocaines et ce n'est pas ce qui nous plait le plus dans cette société. Au contraire, c'est ce qui nous révulse.
Parler de nouveauté pour des histoires qu'on à vu à la télé et au cinéma des centaines de fois, c'est du grand n'importe quoi!
Heureusement pour vous que vous recevez des subsides parce que ca m'étonnerait que votre art vous fasse vivre.

Il n'y a qu'un amateur pour répondre à une critique comme vous le faites, c'est pathétique.
Réponse Fissures
Auteur : Hicham ayouch
Date : le 30 mai 2010 à 23h13

Bonjour, je suis Hicham Ayouch, réalisateur du film Fissures dont le journaliste à fait une critique c!-dessus.
Les critiques font partie du jeu et je ne chercherai pas à démontrer que ce monsieur à tort ou à raison. En revanche, je tiens à signaler que sa critique est purement personnelle et qu'elle n'engage que lui, d'autres journalistes ont vu le film et l'ont aimé. J'invite donc tous les lecteurs de ce site à aller juger par eux-mêmes car je ne ne veux pas vous influencer dans un sens ou dans un autre. Je pense que ce film mérite d'être vu, il est nouveau au Maroc et pour les jeunes de ce pays, il est important de s'ouvrir à d'autres cinémas, d'autres styles et d'autres univers.

Pour conclure, je voudrais m'adresser au journaliste qui m'a gentiment adressé deux phrases assassines:

"Un court-métrage aurait fait l'affaire"

Je vous renvoie le compliment, étant donné votre style, une brève aurait suffit.

on ne peut que suivre le réalisateur qui expliquait que ce film est « né d'une urgence, Et de se demander s'il sert à autre chose encore…"

Je ne pense pas que cela soit l'urgence qui vous pousse à écrire, et de se demander si votre point de vue sert à quelque chose.

A bientôt...



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