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Grand Angle

Maroc : Les fossiles, une vraie marchandise au détriment de la science

Les fossiles retrouvés en terre marocaine échappent la plus part du temps aux scientifiques du pays. Ces objets à haute portée historique sont vendus par des «chercheurs de trésor» sans scrupule. S’ils ne se retrouvent pas exposés dans des musées étrangers, ils servent de décor et de façade aux villas de luxe au Maroc. Un paléontologue déplore aujourd’hui le manque de musée scientifique dans le royaume afin de conserver ces objets qui contiennent une grande partie de l’histoire du pays.

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A force de piller les objets à forte valeur historique, les «chercheurs de trésor» et autres commerçants véreux de fossiles finiront par nuire à l’histoire du Maroc. Depuis plusieurs années, les fossiles découverts dans certaines régions du royaume échappent aux scientifiques marocains. Ils sont soit vendus aux étrangers, soit exposés dans des villas de luxe où ils servent de décor. Un pillage qui risque de faire oublier la riche histoire du Maroc si aucun remède n’est trouvé.

Pourtant, depuis plus d’une année, des Marocains se battent pour la conservation du patrimoine national. Nezha Lazreq, l'un des plus grands experts paléontologues du pays a développé en 2012 une «Carte pour la valorisation et la préservation du patrimoine paléontologique». Cette professeure à l'Université de Marrakech, a proposé de réunir des collègues de différentes universités une fois par an pour se pencher sur les préoccupations communes concernant le patrimoine marocain, indique EFE.

Un Commerce qui tue à petit feu le patrimoine

Mais même si elle se bat pour sauvegarder ces traces de l’histoire du Maroc, elle est confrontée à un problème beaucoup plus complexe. En effet, dans certaines localités proches de l'Atlas et du Sahara, les jeunes habitants et même parfois les enfants vendent aux touristes des collections d'ammonites, trilobites, dents de requin et de coquillages ainsi que des minéraux et des bijoux. Certes, certains de ces fossiles sont faux, mais il semble qu’il est plus facile de trouver des objets authentiques dans ces endroits que de les fabriquer.

Le commerce de fossiles génère de ce fait des ressources non négligeables. Pour preuve, à quelques kilomètres du Sahara, les villes comme Errachidia et Zagora, abritent des magasins entièrement dédiés à la vente de ces objets de toutes sortes et tailles. Ce qui est plus mystérieux, ces magasins disposent de leur brevet commercial et les propriétaires sont plus préoccupés par leur survie que la conservation du patrimoine marocain. «Dieu merci, c'est le seul moyen de vie pour de nombreuses familles dans ce pays», expliquent-t-ils pour justifier leurs nombreuses recherches afin de retrouver de quoi vendre aux touristes.

L’absence de musée d’histoire naturelle plombe la conservation des fossiles

La Pr. Lazreq explique à EFE que le Maroc manque de musées d'histoire naturelle pour exposer dans les meilleures conditions de sécurité les fossiles, et les seules collections existantes sont dans de mauvaises vitrines dans les couloirs de l'Institut Scientifique de Rabat (ISR) et la Commission géologique du ministère de l'Énergie et des Mines. A défaut donc de se retrouver dans l’ISR, certains fossiles découverts lors des explorations minières sont conservés dans le département de l’Energie et des Mines.

D’autres telles que les parties molles des reptiles marins ou terrestres qui ont vécu dans la plaine centrale de Khouribga, sont détruits lors des explorations de phosphate. A cela, s’ajoute le problème de la conservation de ces fossiles. Certains tombent dans la catégorie des «matériaux de construction» dans les 64 autorisations de l'État et sont susceptibles de devenir, en toute légalité, «les murs et les façades extérieures». Ils servent de décor parfait en étant de grandes plaques de marbre.

Une loi pour lutter contre les pilleurs de fossiles ?

Si le Maroc perd donc une grande partie de ses fossiles, c’est aussi parce qu’il ne les conserve pas. Un nombre importants des meilleures pièces qui ont été découvertes est sauvegardé, non pas dans le royaume, mais dans les musées étrangers, notamment en Allemagne. Ainsi, les meilleures collections de fossiles se trouvent à Göttingen, Berlin et Tübingen. D’autres sont exposées à Rennes (France) ou au Canada. Cette «fuite» des fossiles semble aujourd’hui plus ou moins «autorisée», d’autant plus que les universités marocaines manquent de ressources financières pour les entretenir.

Toutefois, le plus grand pillage est l’œuvre des scientifiques eux-mêmes. Ces derniers sont les premiers acheteurs de fossiles marocains, selon la Pr. Lazreq. Elle affirme qu’avec leurs gros moyens, ils peuvent facilement persuader les commerçants. Le reportage d’une télévision française  avait d’ailleurs abordé la question récemment. Ce dernier montrait un collectionneur marocain qui parcourt avec ses équipes les zones phosphatières à la recherche de grands et petits fossiles, avec une préférence pour les premiers. Une fois trouvés, ces derniers sont soigneusement conservés dans l’attente d'un acheteur.

Tout ce business autour de ces objets crée aujourd’hui une ruée vers les fossiles. La Pr. Lazreq et ses collègues dénoncent : «les fossiles ne peuvent pas faire l'objet d'une transaction commerciale, nous devons limiter l'accès à des sites qui ne disposent pas d'autorisation des critères scientifiques données. Nous devons établir des lois contre les prédateurs».

c'est les soldes : tout doit disparaitre
Auteur : Hamid002
Date : le 19 mai 2014 à 11h39
Même les herbes aromatiques vont disparaitre car les hamaj les arrachent avec leurs racines au lieu de les couper. Il piègent par milliers des oiseaux tels les Chardonnerets qui se font de plus en plus rares, comme les lièvres,les perdrix, les cailles, etc...
Au surplus, il vendent le patrimoine, et pas seulement les fossiles et les minéraux, aux étrangers à tout va et à bas prix. ou zid ou zid.
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