L'ancien ambassadeur français en Andorre, Zair Kédadouche, a écrit une lettre au président de la République François Hollande pour y dénoncer les actes de discrimination pratiqués dans l'enceinte du ministère français des affaires étrangères. Le diplomate qui a maintenant 56 ans, affirme qu’il subissait chaque jour des humiliations de la part des collègues, faisant partie «de la noblesse du Quai d'Orsay».
C’est le 1er avril dernier que Zair Kédadouche a décidé de démissionner de son poste, lassé par le racisme dont il dit avoir été victime au quotidien. «On m'a refusé des postes car mon nom était d'origine algérienne et on me l'a fait savoir», a t-il expliqué au micro de France Info. «Pas de poste à Anvers parce que la communauté juive est trop importante» et pour ne pas froisser l'extrême droite flamande, raconte-t-il par exemple avec humour.
Mais son patronyme à consonance maghrébine lui aurait également valu un refus dans pays où l’on s’y attendrait moins. Il affirme en effet qu’on aurait refusé de l’affecter au Maroc à cause de son «nom d'origine algérienne». Il faudrait sans doute y voir un dommage collatéral de la rivalité entre les deux voisins nord-africain et la volonté de la diplomatie française de ne pas fâcher les autorités marocaines.
Briser le silence
A bout, Zair Kedadouche a brisé un tabou en rendant public ses accusations contre la célèbre institution française. «C'est la où j'ai découvert le racisme administratif, que je ne connaissais pas» explique t-il sur les ondes de France Info. Par ailleurs, l'ancien diplomate a porté plainte pour discrimination raciale. Pour étouffer l'affaire, ses supérieurs hiérarchiques lui auraient, selon lui, proposé de nouveaux postes, qu'il a immédiatement refusé. «J'attendais d'abord une réponse moral», a t-il justifié.
Ce n’est pas la première fois que le diplomate dénonce de tels faits. En août 2013 déjà, il faisait état de «discriminations feutrées subies dans les palais dorés du Quai d'Orsay» dans une lettre adressé au Laurent Fabius.
L'institution entachée par la polémique
Lors du point presse organisé chaque mardi à l'Elysée, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, a déclaré que les accusations portées par Zair Kédadouche étaient «inacceptables». Selon ses dires, l'ancien diplomate n'a jamais alerté l'administration de cas de discriminations dont il aurait été victime.