La semaine dernière, Mohamed VI a écourté sa visite à Casablanca sans inaugurer un projet (le tunnel de Dakar) chapeauté par la mairie. Apparemment, le monarque n’aurait pas voulu cautionner, de par sa présence, la gestion chaotique de la grande métropole.
A Tanger, où il se trouve depuis dimanche, le roi a procédé, hier, au lancement des travaux de nouveaux projets (réalisation du marché «Bir Chifa» relevant de la préfecture de Béni Makada et à l’inauguration, lundi, d’une Maison de la presse mais sans la présence, comme le veut pourtant l'usage, du maire de la ville, Fouad El Omari. Ce dernier, issu des rangs du PAM, n’est autre que le frère d’Ilyas El Omari, l’homme fort au sein de cette formation, notamment depuis la démission de Fouad Ali El Himma à la suite de sa nomination, en automne 2011, conseiller du souverain.
Un message à l’Intérieur
Que ce soit à Casablanca ou à Tanger, le roi Mohammed VI en agissant de la sorte adresse indirectement un message au ministère de l’Intérieur afin d’assumer son rôle de tutelle. Force est de constater que bizarrement les maires de ces deux villes ainsi que d’autres grandes cités du Maroc échappent à la liste des conseillers ou des présidents des communes que le département de l’Intérieur sanctionne périodiquement.
Et pourtant, la Charte communales de 2002, modifiée en 2009, est très claire là-dessus. Son article 26 stipule que «lorsque pour des raisons portant atteinte au bon fonctionnement du conseil communal, les intérêts de la collectivité sont menacés, le conseil peut être dissout par décret motivé, publié au Bulletin officiel. S’il y a urgence, le conseil peut être suspendu par arrêt motivé du ministre de l’Intérieur (…) la durée de la suspension ne peut excéder trois mois».
En dépit du discours royal du 11 octobre, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement, dont une partie a été consacrée à Casablanca, jusqu’à présent aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre du maire ou un de ses proches adjoints. Sans aucun doute le jeu des intérêts et des relais retardent la concrétisation d’une telle sanction. Mais jusqu’à quand ?