Arrivée en France avec un visa touriste de deux mois, Rqiya Benchama, s’est installée chez son fils, qui a la nationalité française, à Belfort. Le séjour français est mis à profit pour continuer les démarches administratives pour la pension de son mari, décédé en 1998, après avoir participé à la libération de la France, entre 1939 et 1945.
Selon le fils, la mère "avait entamé les formalités administratives concernant cette pension, il y a quatre ans" au Maroc. Elle était donc "venue en France pour accélérer les choses" et "le dossier avait été déposé en novembre dernier et seul un relevé d'identité bancaire (RIB) manquait pour qu’il soit complet". Ainsi, elle a fait une demande de prolongation de son titre de séjour à la préfecture du Territoire de Belfort, pour vivre auprès de son fils et toucher la pension de réversion de son époux. La réponse de la préfecture, il y a un mois, a été une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Par la suite, leur requête d’annulation de l’OQTF, a été jugée irrecevable, à cause d’une erreur formelle dans le recours, rédigé par son fils, où manquait un nom à un endroit. A 63 ans, Rqiya Benchama a été arrêtée, le 14 avril à 6 h du matin, au domicile de son fils, puis placée au Centre de rétention administrative (CRA) de Geispolsheim (Bas-Rhin).
Malgré son âge et son état de santé (elle est diabétique), un aller-retour à l’hôpital pour consultation, et une assignation à résidence formulée par son avocate, la vieille femme est maintenue au CRA. Elle devait embarquer le lundi 19 avril à l'aéroport international de Strasbourg-Entzheim sur un vol de la Royal Air Maroc à destination de Casablanca. Mais ce dernier a été annulé en raison des nuages de poussières du volcan islandais. A la deuxième tentative d’expulsion deux jours après, elle a refusé de monter à bord de l’avion.
Les appels à la mobilisation et au préfet du Territoire de Belfort, Jean-Benoît Albertini, n’ont servi à rien. Le fils a manqué sa mère le samedi 24 avril au CRA de Geispolsheim. Il a été informé en milieu d’après-midi par les services préfectoraux, que sa mère avait été conduite à Sète pour y être embarquée à 17 h sur un navire assurant la liaison avec Tanger.
Après le cas de la famille Mechroubi, menacée d'expulsion car le père de famille avait changé de métier, une Marocaine, âgée et malade, vient également de se voir refuser la prolongation de son titre de séjour par la préfecture de Belfort. Décidément, entre Marocains et cette préfecture, il y a une belle histoire d’amour.