Menu

Grand Angle

Niqab au volant: interdit, madame!

Préfiguration d'un avenir sans voiles intégraux en France? Une jeune femme de 31 ans a écopé de 22 euros d'amende, le 2 avril dernier à Nantes, lorsqu'elle conduisait en portant son niqab. Les agents estimaient que sa tenue vestimentaire ne lui permettait pas de conduire dans des conditions aisées, expliquait la concernée jeudi à l'Agence France Presse (AFP). Une "discrimination pure et simple", selon elle.

Publié
Le Tribunal de Nantes devra se prononcer sur la contravention. Source: gwen grd flickr.com
Temps de lecture: 2'

Les déclarations de la femme entrent en plein débat sur le projet de loi d'interdiction totale du voile intégral sur la voie publique en France – et ne risquent pas de faiblir la polémique. Alors qu'elle roulait dans les rues de Nantes le 2 avril dernier, des policiers en moto auraient fait signe à cette Française qui, il y a 9 ans, aurait décidé porter le niqab, de s'arrêter sur le côté. Elle montre ses papiers de voiture, son passeport, «et là, le policier m'annonce qu'il va me verbaliser à cause de ma tenue vestimentaire. Je lui dis alors qu'il n'en a pas le droit, que c'est de la discrimination pure et simple", explique la femme.

Les agents de police se basent sur l'article 412-6 (II) du code de la route qui stipule que «tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l'apposition d'objets non transparents sur les vitres.»

L'article du code de la route est censé améliorer la sécurité routière en France, mais l'appréciation du contenu de l'article peut s'avérer difficile. La direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de la Loire Atlantique a précisé que «c'est laissé à la libre appréciation de l'agent verbalisateur. Cet agent a fait son travail. Il a estimé que, dans ces circonstances, il y avait un risque pour la sécurité».

La jeune femme a envoyé un recommandé au ministère public jeudi, s'opposant à sa contravention. Son avocat, Me Jean-Michel Pollono, s'est montré railleur. «Nous sommes quand même dans le pays des droits de l'homme ! Le port du voile sur la voie publique n'est pas prohibé, que je sache ? Si ne voir que les yeux constitue une infraction, alors il faudrait interdire au GIGN de conduire avec des cagoules !», a-t-il déclaré. Le juge de proximité tranchera.

Les conséquences de la polémique sur l'interdiction totale du voile intégral se matérialisent. Et cela des deux cotés: alors que cette jeune Nantaise est parmi les premières à devoir payer pour le port du niqab, Jean François Copé, chef de file des députés UMP et fervent défenseur de cette interdiction, aurait reçu des menaces et ne sortirait plus sans officier de protection, rapporte 20minutes.fr.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com