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Grand Angle

Insécurité croissante à Casablanca, les politiques regardent ailleurs [Edito]

Cette semaine a été un électrochoc pour les Casablancais. Les photos et articles relatant des cas d'agressions ou de vols avec violence se sont multipliés. Les politiques quant à eux semblent, encore une fois, vivre sur une autre planète.

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C'est devenu le sujet principal des Casablancais cette semaine, au point de voir se multiplier les photos, partage d'articles, condamnations et commentaires sur les réseaux sociaux. Même les Rbatis, inquiets, cherchent à sonder la véracité des photos et des anecdotes qu'ils ont pu lire ou entendre.

De Shaolin à Casablanca

Vols à l'arrachée, vols avec menace à l'arme blanche, hold-up de boutiques et même de salon de coiffure, car-jacking... Si la violence revient de plus en plus souvent dans les récits des victimes de ces vols, une arme en particulier est devenue l'accessoire incontournable de ces agresseurs : le sabre. Les délinquants marocains sont-ils devenus des guerriers de Shaolin ? L'arme blanche étant plus facile à se procurer et en général plus légèrement condamnée qu'un vol à arme à feux, les couteaux et petits sabres sont devenus les armes préférées des agresseurs.

Ces armes blanches ont également créé un début de phobie des lieux publics en l'espace de quelques jours. Les conseils de prudence se multiplient sur les réseaux sociaux, comme les mises en garde entre époux ou celles des parents à leurs enfants. Si certains, inconscients, regrettent le temps de Driss Basri (inamovible ministre de l'Intérieur sous le roi Hassan II), d'autres tombent dans une autre exagération en comparant Casa à Bogota.

Casa n'est pas Bogota...

Les citoyens plus raisonnables essayent de comprendre, trouver les raisons de cette grimpée de violence, et chercher les responsabilités. L'école, la pauvreté, le contexte socio-familial, le détricotage du lien social, autant de pistes pour déceler les raisons profondes de cette violence urbaine. Plus pragmatique, la gouvernance de la ville est aussi pointée du doigt, avec en ligne de mire Mohammed Sajid, maire de Casablanca depuis 2003. Bien que ce dernier soit né à Settat, la ville de Driss Basri, on ne pourra pas dire qu'il ait brillé en matière de politique de sécurité.

La police est également pointée du doigt. Sa présence quasi systématique à chaque carrefour de la ville, tranche avec son absence dans les quartiers, les rues et boulevards les plus fréquentés. Il y a quelque chose d'absurde à vouloir assurer la fluidité de la circulation, avec un ou deux agents postés là pour appuyer sur le bouton qui allume le feu rouge, alors même que des citoyens se font agresser dans la rue d'à côté. La préfecture de police de Casablanca qui a changé de tête à de nombreuses reprises suite à de petits incidents lors de visites royales, devrait également assumer sa part de responsabilité dans ce climat d'insécurité.

... Et le Maroc n'est pas la France

Enfin, certains amoureux des théories du complot voient dans cette médiatisation soudaine d’agressions dans la capitale économique, une façon de détourner les regards sur d'autres problèmes (gouvernance de la ville, crise économique, luttes politiques, ...). Et de citer comme exemple et seul argument la sur-médiatisation de l'insécurité en France du temps de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et candidat à l'élection présidentielle à l'époque.

Comparaison n'est pas raison, mais allons-y quand même. Ce n'est pas les politiques, ni les médias mainstream qui ont sauté sur un fait divers pour en faire un argument politique ou à visée électoraliste. Le silence des élus, qu'ils soient conseillers municipaux, maires, députés ou ministres, est d'ailleurs confondant. Alors que l'inquiétude exprimée sur les réseaux sociaux, les supports de presse électronique, mais également dans les discussions au café ou sur le lieu de travail, nos décideurs politiques font semblant de regarder ailleurs. Aux prochaines échéances électorales, les mêmes qui ont fuit leurs responsabilités politiques, viendront sur les plateaux télé s'étonner du faible taux de participation.

Face à la faiblesse des réponses apportées par l'Etat et les autorités locales, les citoyens ne peuvent compter que sur la résistance de quelques valeurs communautaires.

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