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Grand Angle

Portrait d’un maire marocain en France : Xavier Cadoret alias Karim Kaddouri

La petite commune de Saint Gérand le Puy, dans l’Allier, en France, a élu, dimanche 23 mars, Xavier Cadoret, dont le nom de naissance est Karim Kaddouri. Marocain, il a changé de nom suite à sa naturalisation, il y a 36 ans. Yabiladi a pu lui parler quelques jours avant les élections. Portrait d’un homme qui assume.

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Xavier Cadoret né Marocain a choisi d'être totalement Français.
Xavier Cadoret (à gauche), maire de Saint Gérand Le Puy, avec la reine de beauté du village. (DR/CentreFrance)

Maire depuis 25 ans, Xavier Cadoret, a été réélu hier, dimanche 23 mars, pour six nouvelles années, à la tête de Saint Gérand le Puy, petite commune d’un millier d’habitants, dans l’Allier, en France. «J’ai toujours été réélu. Les deux dernières fois, comme celle-ci d’ailleurs, ma liste était la seule. Je suis donc sûr de rester maire», confiait-il à Yabiladi en milieu de semaine dernière. Alors que le Front National signe une belle victoire de premier tour dans plus de 300 communes, la petite ville de Saint Gérand le Puy, qui n’échappe pourtant pas à la tentation frontiste aux présidentielles a donc décidé d’être dirigée pour 31 ans, par un Marocain. Un Franco-Marocain. Un Français.

Dans le paysage politique français, Xavier Cadoret, de son nom de naissance Karim Kaddouri, est probablement une figure unique. Né à Taza en 1958, de deux parents marocains, il a fait le choix de devenir totalement Français, jusque dans son nom. Après ses études en France, son mariage, en 1978 avec une Jurassienne, il devient, pour tout le monde, Xavier Cadoret. Ironie de l’histoire, «ma belle famille est la seule à m’appeler de temps à autre Karim, parce que lorsque j’ai connu leur fille je portais encore ce nom là», remarque-t-il. Sa femme elle-même l’appelle Xavier ; et pour cause : c'est elle qui a choisi son prénom. «Moi, j’ai simplement francisé Kaddouri, mon nom marocain, en Cadoret», explique-t-il.

Choix logique et naturel

Il explique aujourd’hui son geste comme une évidence, un choix logique dans la continuité de sa vie, lui qui est le fils d’un ancien combattant marocain d’Indochine, élève des écoles françaises de Meknès et Casablanca. «Je ne regrette rien dans la mesure où je ne renie pas mes origines», affirme-t-il avec force sans que nous le lui ayons vraiment demandé, avant de concéder, à demi-mot «si je devais refaire, certainement que je ferais les choses autrement, mais je ne regrette rien.»

Le pouvait-il ? «Je ne sais pas si j’aurais réussi à devenir maire avec mon nom d’origine. C’aurait surement été plus difficile», estime Xavier Cadoret aujourd’hui, mais lorsque nous évoquons l’émergence difficile de personnalités d’origine étrangère dans le monde politique français, il lâche carrément «ce que j’ai fait, c’était obligé. C’était obligé de devenir Français pour m’engager en politique».

Plus un problème pour personne

Il ne devient maire, pour la première fois, en 1985, qu’à la faveur de circonstances qui échappent en parties à sa volonté. «J’étais professeur d’économie logé à Saint Gérand, quand les membres de l’amicale laïque m’ont proposé de rejoindre leur liste.» Il accepte sans conviction et se retrouve sur la liste d’opposition, laquelle passe à la suprise générale. «A l’époque la réforme du remembrement c’était assez mal passée, et les gens ont décidé de sanctionné le maire sortant. En tant que professeur d’économie et gestion, j’ai été placé aux Finances et c’est comme ça que lorsque M. Gardet est décédé, je l’ai remplacé et je suis devenu maire», raconte-t-il. Un siège dans lequel il se plait puisque aux élections suivantes, il souhaite y rester.

Son avenir politique se joue donc lors des élections suivantes, en 1991. Pendant la campagne électorale, Xavier Cadoret dévoile ses origines dans une interview délivrée au journal régional La Montagne. «J’étais un peu inquiet parce que je me présentais pour la première fois en tête de liste face à deux autres listes», se souvient-il. Ca passe. Depuis lors, ses origines n’ont plus posé problèmes à personne dans sa commune dont les habitants le réélisent avec régularité, rassurés peut être par ce nom si Français.

«Je suis le seul immigré de ma commune»

Au nom de ce secret dévoilé, il assure qu’il ne cache rien et ne renie pas ses origines, mêmes en politique. «J’ai fait un coup d’éclat quand j’ai appris que ma commune avait voté pour Le Pen à la présidentielle en 1995. C’est absurde, je suis le seul immigré de la commune ! Avec le conseil municipal, nous avons décidé d’écrire une lettre à tous nos administrés pour leur dire que nous avions toujours refusé les extrêmes, qu’on ne l’acceptait pas et nous leur avons déposé nous-mêmes dans leurs boîtes. Là mon côté marocain est ressorti. J’ai pris un risque politique que d’autres n’ont pas pris. J’ai pris le risque de déplaire et de ne pas être réélu aux élections suivantes», raconte-t-il avec fierté.

Le reste du temps, il ne tient vraiment pas à faire état de sa nationalité marocaine. En parler, pendant longtemps, c’était prendre le risque d’être stigmatisé, en bien comme en mal. «Je considère mon intégration comme ordinaire. Un jour un sous préfet a appris que j’étais Marocain, il m’a envoyé rencontré le ministre noir Kofi Yamgnane de Mitterrand. Il voulait me faire tenir un rôle, mais j’ai refusé. On avait déjà un ministre noir, on n’allait pas en plus faire l’éloge d’un maire marocain !», ironise Xavier Cadoret. «J’avais peur que ça devienne exceptionnel, je voulais que ça reste normal. Je me suis fondu dans le paysage», conclut-il.

Fondu dans le paysage

Si bien fondu dans les paysages d’Auvergne, que son changement de nom, ne fera jamais vraiment débat, faute d’espace familial pour en parler. «Mon changement de nom n’est pas sujet tabou, mais pudique. Mon père ne me l’a pas trop reproché. Mes frères et sœurs ne m’en ont pas tellement parlé et je pense que ma mère ne l’a jamais su, mais elle en a beaucoup voulu à ma femme de lui ‘avoir pris son fils’», a-t-il appris par la suite.

Au fil des ans, rapidement, il délaisse manifestement le Maroc. Son père et une partie de sa famille vient s’installer à Strasbourg, tandis que sa mère et l’un de ses frères restent au Maroc. Il ne retourne que très rarement au Maroc pour voir sa mère. «Je ne rentre au Maroc que lorsqu’il y a une alerte santé par exemple. On me l’a assez reproché, d’ailleurs, en m’accusant d’avoir ‘laissé tomber ma famille’.»

La France exclusivement

Entre le Maroc et la France, il a fait un choix clair et sans nuance. «Ma mère a eu 6 enfants et mon père sensiblement autant ; je ne me voyais pas rentrer pour m’occuper de 10 enfants. Mais je suis heureux parce que mon parcours a motivé mes deux frères. L’un dirige une entreprise à Bordeaux, l’autre est chercheur», assure-t-il. Lui-même est également, professeur agrégé d’Economie, président de la communauté de communes Varennes Forterre, député suppléant du socialiste Guy Chambefort pour l'Allier, et membre du conseil de l’Europe au Congrés des pouvoirs locaux et régionaux. «Je me suis énormément investi en France, je n’avais pas vraiment le temps de prendre deux semaines pour aller au Maroc», dit-il pour tenter d’expliquer sa décision.

En choisissant la France exclusivement, il a bien conscience d’avoir beaucoup perdu : «J’ai beaucoup perdu la langue, j’ai perdu le cours de l’évolution du quotidien des personnes au Maroc. Je ne saurais pas dire si le Maroc est un pays émergent. Je ne préfère pas m’exprimer sur lui. Je maîtrise parfaitement ce qui est Français, mais je ne connais le Maroc que jusqu’en 76.» Il parle sans regret, car dans sa conception de la vie il n’était pas possible d’être engagé dans deux pays à la fois. «J’ai déjà été sollicité par des associations franco-marocaines qui souhaitaient que je m’investisse pour le développement du Maroc, mais j’ai refusé. On est soit dedans, soit dehors, on ne peut pas s’exiler et puis ....», commence-t-il sans finir sa phrase.

S'exiler

S’ «exiler», le mot est lâché et ne sera pas répété. Il sonne étrangement pourtant dans ce discours si plein d’assurance, dans ces choix affirmés et assumés avec tant de force. «Ce qui m’a fait le plus douter, paradoxalement, ce n’est pas ma famille, mais un jour où j’étais inspecté, l’inspecteur a vu un article de presse sur 'Karim Kaddouri' que mes étudiants avaient accroché dans une salle. Il m’a demandé «pourquoi ce titre», j’ai simplement dit que c’était mon nom d’origine et que je l’avais changé. Il m’a demandé pourquoi j’avais changé de prénom, il n’a pas parlé du nom, mais du prénom, je me souviens. Puis il a ajouté «Karim, c’est très beau». Ca m’a fait réfléchir, raconte Xavier Cadoret, c’est vrai, Karim, c’est très beau.»

Sa fille en est convaincue, sans aucun doute. «Elle-même se présente comme Marocaine. Je suis récemment allé lui rendre visite à son travail et elle m’a présenté à tous les Marocains de la société, et ils sont nombreux. La question qui revient le plus souvent dans leur bouche, c’est "pourquoi vous ne lui avez pas appris l’arabe ?" Ma fille aussi me l’a demandé, ainsi que ma famille quand je suis allé au Maroc avec mes enfants, il y a deux ans, raconte leur père, aujourd’hui. Je ne suis jamais intervenu là dedans, mais ils ont appris d’autres langues comme l’Allemand (mon épouse est professeure d’allemand) et l’Anglais. Ce sont ces langues là qui sont privilégiées dans les filières d’excellence. C’est un fait. Il faut tenir compte du système.»

L'arrivisme ou la cupidité
Auteur : banou el hellel
Date : le 07 mai 2014 à 08h39
Ce Xavier codoret ou Karim Kaddouri a t il changé de religion , pour être élu et accepté par sa belle famille .

Je porte dans mon coup une étoile de souleiman ou David , je suis arabe musulman est fière de ma religion sunnite malikite et très fière de mon arabité .

On me demande pourquoi cette étoile qui est un peu juive .

Ma réponse est simple , les juifs ont été maltraité , assassiné , la shoah , liquidation de six millions de juifs .

Malgré cela , ils n'ont pas changé de nom ni de religion en 2000 ans en Europe , j'admire leur résistance et leur courage .

Nous les marocains musulmans , en 50 ans , une parti de marocains musulmans ont changé de nom ,de religion et même de couleur de cheveux .
On ne connait que deux extrêmes , le wahhabisme ou l'Athéisme ; pourtant la sunna malikite est si tolérante et ouverte vers l'avenir et les autres religions .
PS : il parle de langues d'excellence ce Xavier ou Karim , apparemment ce monsieur n'est pas au courant que l'arabe est une 6 langues de l'ONU alors que l'Allemand n'est pas , selon des chercheurs américains et même français dans 100 ans l'arabe deviendra comme avant pendant plusieurs siècles , une langue classé en deuxième position après le mandarin et le hindi en 3ème position .
d'accord
Auteur : toubon
Date : le 27 mars 2014 à 13h47
entièrement d'accord avec Hamid 002.
"ses choix "
Auteur : Hamid002
Date : le 27 mars 2014 à 13h09
"ses choix " au lieu de " ces choix"
Laissez ce monsieur tranquille
Auteur : Hamid002
Date : le 27 mars 2014 à 10h31
Laissez ce monsieur tranquille. Il fait ce qu'il veut de sa vie. Qu'il ait la même origine que certains ici, ne leur donne pas un droit de regard sur ce qu'il fait ou d'ergoter ici sur ces choix.
C'est un travers des khorottos ça, toujours une jalousie sous-jacente dès qu'un des "leurs" "sort du lot" d'une manière ou d'une autre. Toujours à déblatérer sur tel Maire, tel membre du gouvernement etc...
islam
Auteur : atbir75
Date : le 25 mars 2014 à 19h42
mon commentaire concerne le volet cultuel et non son parcours, il né musulman ce qui est un avantage, malheureusement, il a oublié Allah et Allah l'as oublié.

extrait d'un hadite : "celui qui adopte une religion autre que l'islam elle ne lui sera pas acceptée"
Dernière modification le 25/03/2014 19:43
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