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France : Une étude sur les « musulmans de gauche » en Ile-de-France

Y a-t-il aujourd’hui des «musulmans de gauche», comme il y avait hier des «catholiques de gauche» ? C’est la question que s’est posée la Fondation Jean-Jaurès dans une nouvelle note d’analyse, rendue publique jeudi, basée sur les résultats d’une enquête réalisée sur les valeurs des Franciliens. Détails.

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Ph : François Hollande à la Mosquée de Paris
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Pour la première fois en France, une étude s’intéresse à une catégorie d'une population qui était jusque là incomprise, celle des «musulmans de gauche». La note d’analyse, publiée jeudi par la Fondation Jean-Jaurès, se base elle-même sur les résultats d'une enquête d'opinion, réalisée par l'institut TNS Sofres en août dernier, sur les valeurs des Franciliens. Il en ressort que ce groupe de personnes sont pour la plupart, favorables à l'interventionnisme de l'Etat sur le plan économique mais conservateurs sur les questions sociétales.

Selon l’étude, les dits «musulmans de gauche» représentent 12% de la population totale d’Ile de France et ont voté à 72% pour François Hollande à la présidentielle de 2012. Mais qu’est ce qui les a, toutefois, poussé vers ce vote et qui sont-ils au juste ?

Qui sont ces musulmans ?

Selon Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès interrogé par l’AFP, il s'agit d'une «famille attachée plus que les autres au rôle de l'Etat et au rôle régulateur de l'Etat. Elle n'est pas partisane du libéralisme économique ni de laisser une trop grande liberté aux entreprises». «L’égalité est davantage privilégiée que dans les autres groupes. C'est vrai de l'arbitrage entre l'égalité et la liberté - ils sont 54% (+14 points par rapport à la moyenne des Franciliens) à choisir l'égalité», souligne l'étude.

Ces musulmans de gauche défendent aussi «un Etat régulateur face au marché et considèrent très majoritairement, à 73% (+25 points), que pour faire face aux difficultés économiques, il faut que l'Etat contrôle et réglemente plus étroitement les entreprises, plutôt qu'il leur fasse confiance et leur donne plus de libertés», poursuit la note de la fondation. Pour ce qui est des questions relatives à l’identité, ces personnes assurent «se sentir respectés», «avec leurs origines, leurs orientations, leurs différences, à 78%, avec seulement 9 points de moins que la moyenne francilienne».

Contre l’homosexualité

Si d’un coté, cette tranche de votants se déclare ouverte à un Etat de gauche, économiquement parlant, elle l’est moins face à des sujets plus sociétaux comme l’homosexualité. «Le conservatisme culturel est extrêmement prononcé s'agissant de la vision de l'homosexualité», écrit Gilles Finchelstein. «Ils sont 83% à ne pas approuver l'idée que l'homosexualité est une manière acceptable de vivre sa sexualité - quand, à l'inverse, 81% des Franciliens l'approuvent», ajoute-t-il.

«De la même manière, le conservatisme culturel s'affirme s'agissant de la vision de la femme. Ils sont 65% à partager l'idée que la femme est faite avant tout pour avoir des enfants et les élever (+40 points par rapport à la moyenne francilienne)», souligne l’étude.

Mais selon cette étude, la question n’est pas là. «Ce qui caractérise ce groupe – et là réside le défi électoral pour la gauche – c’est son rapport pour le moins distancié à la politique. 61% déclarent "ne pas s’y intéresser", dont 37 % pas du tout (+19 points). 32 % se sont abstenus ou ont voté blanc le 6 mai 2012», s’alarme l’étude avant de conclure par un petit rappel :  «En 1970, le sociologue Albert Hirschman avait publié son plus célèbre ouvrage, Exit, Voice, and Loyalty. Il dressait une typologie des choix des citoyens mécontents de leur sort. Ceux-ci pouvaient ne rien faire (loyalty), protester (voice)… ou quitter le jeu silencieusement (exit). Tel est aujourd’hui clairement le risque pour la gauche, et plus largement pour la République». 

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