«La concurrence gagne en intensité et le marché africain de l’aviation civile est entré depuis quelques années dans une phase de croissance. [Actuellement], il ne faut pas s’attendre à une croissance très forte du trafic européen. Nous avons une place naturelle à récupérer sur le continent», affirme Driss Benhima, PDG de RAM, dans une interview accordée au journal Les Eco et publiée dans l’édition de ce mardi. De plus, il y a matière à agrandir la tente du groupe marocain sous le soleil africain, puisque le continent abrite 14% de la population mondiale, mais ne représente qu’à peine 2 à 3% du trafic aérien planétaire.
Pour ces raisons, la compagnie nationale accélère sa stratégie africaine. Après l’Afrique du Nord, de l’Ouest, centrale, RAM envisage d’étendre son réseau vers l’Afrique de l’Est, jusqu’ici inexplorée. Il s’agit d’un vaste chantier que le groupe entend mener avec beaucoup de tact. Outre cela, la RAM compte multiplier les liaisons vers les pays qu’elle dessert déjà, notamment en Tunisie et en Algérie. Une nouvelle ligne Casablanca-Ndjamena devrait également bientôt voir le jour.
Miser sur le hub Casablanca
Avec 1 millions de passagers avec l’Afrique, dont 80% en continuation, la RAM est le 2ème transporteur aérien du continent en termes de chiffre d’affaires après la compagnie sud-africaine South African Airways.Dans le cadre du développement de sa stratégie, le groupe marocain entend miser sur le hub Casablanca. Celui-ci «assure 1 000 vols par semaine et plus de 200 possibilités de connectivité par jour de l’Afrique vers le reste du monde, avec un temps de connexion record. La moitié des vols en continuation ayant une durée de transit de moins de trois», fait valoir le management de RAM dans les colonnes de L’Economiste. En pratique, «lorsqu’un Africain quitte le continent, Casablanca est le deuxième aéroport par lequel il transite, après Paris».
Cependant, ces passagers transitaires «ne retiennent du Maroc que le souvenir de leur passage par l’aéroport de la capitale économique», indique la même source, estimant qu’il faut réduire le nombre «d’expériences négatives», relatives notamment au mauvais accueil, à la discourtoisie des agents de l’ordre, comportements racistes, pertes de bagages, etc.
Le culturel pour … «ouvrir les yeux» au personnel
La RAM a récemment conclu plusieurs partenariats avec les grands événements d’Afrique, notamment le Fespaco au Burkina Faso, le MASA (Marché des arts du spectacle africains d’Abidjan) ou le Biennale de Dakar. La compagnie marocaine deviendra ainsi le transporteur officiel pour ces événements. Bien que cela occasionne des retombées pécuniaires, l’objectif à la base est «d’ouvrir les yeux à notre personnel, à nos passagers et à l’opinion publique marocaine et continentale, de façon globale, sur la nature africaine et internationale de Royal Air Maroc», explique Driss Benhima. Cette démarche permettra certainement l’améliorer des retours des passagers africains concernant le comportement désagréable parfois affiché par le personnel de la RAM.
La présence de Royal Air Maroc sur le continent africain n’est plus à décrire. Le groupe est passé de 14 à 30 destinations entre 2007 et 2013, avec l’ouverture notamment des lignes vers la Guinée équatoriale, la Gambie, le Cap Vert, l’Angola ou encore la Sierra Leone. A noter que la RAM réalise un peu moins de 30% de son chiffre d'affaires avec ces destinations subsahariennes, selon M. Benhima. Les données du Diio Mi, un outil d’intelligence des marchés pour l’industrie de l’aviation, révélaient récemment que la compagnie marocaine domine sur les liaisons Afrique-Europe. Peut-être la stratégie qu’elle mène en ce moment lui permettra-t-elle d’étendre son influence sur le reste du monde.