France : L'abattage halal pour sauver la filière bovine ?

Le gouvernement français a installé ce lundi 17 mars un «comité export» pour la filière bovine, constitué des professionnels du secteur et des éléments du pouvoir public. Leur mission : améliorer les exportations françaises de viande bovines, rapporte le site 20Minutes. Dans ce sens, ledit comité réfléchit déjà à la possibilité pour la France de grignoter des parts de marché supplémentaire dans le vaste marché mondial du halal.

Sur le marché national en effet, la consommation de viande bovine est en berne. En 2013, les Français en ont consommé 1,55 million de tonnes, soit 2,8% de moins qu’en 2012. Sachant que cette année-là déjà, la consommation avait chuté de 2%. De plus le constat d’un changement d’habitude chez les Français vis-à-vis de la viande bovine est observé depuis la crise de la vache folle. Une situation qui a mené une centaine d’abattoirs à mettre la clé sous le paillasson ces dix dernières années.

Aujourd’hui, l’abattage rituel représente 10% de la production nationale en France. A la base, cette production était essentiellement destinée à l’export vers les pays du Maghreb, le Maroc notamment. Mais actuellement les professionnels français entendent conquérir de nouveaux marchés. «Ces pays sont toujours une priorité, mais pour nous développer, nous devons exporter sur de nouveaux marchés dynamiques, et ce sont bien souvent des pays musulmans», indique Hervé des Déserts, directeur de la Fédération des industries et du commerce en gros des viandes (FNICGV). Les professionnels français auraient déjà braqué les projecteurs sur la Turquie, Dubaï, l’Arabie Saoudite et envisageraient aussi d’attaquer le marché malaisien.

Attention au faux halal

Avec une population d’environ 1,5 milliard de personnes, la communauté musulmane mondiale représente un marché porteur pour tous les secteurs d’activité. Et c’est un fait qui a toujours séduit les acteurs économiques à travers la planète. Seulement, dans cette conquête de nouveaux débouchés, certains producteurs ne sont pas toujours honnêtes dans ce qu’ils appellent halal. On l’a vu au Moyen Orient et au Maroc avec le groupe français Doux, qui commercialise depuis plusieurs années de la volaille faussement étiquetée «halal».

Pour que la stratégie française puisse être menée à bon terme, il faudra sans doute que les autorités françaises se penchent sérieusement sur la question de la certification, surtout s’ils comptent vraiment cibler des pays comme la Malaisie qui est très regardant sur ce point. Du coup, le consommateur français musulman pourrait par ricochet aussi en profiter.

L’intérêt économique de l’abattage halal pourra-t-il également mettre un terme aux nombreuses polémiques qu’a suscitées la question ces derniers temps en France. Cela ne parait pas évident si l’on se réfère au cas des restaurants dits halal ouvert par la chaine de restauration rapide Quick. L’étendard de la laïcité avait été brandi alors qu’il s’agissait d’une logique purement business. Mais dans le cas de l’export peut être que la pilule passera mieux.