Abdelkader Amal et son épouse Hnia sont depuis une semaine entre les mains de la police américaine. Ils ont été arrêtés pour trafic humain, suite à une plainte déposée par leur ancienne domestique, rapporte la chaine ABC7 dans un reportage publié sur Youtube le 5 mars dernier.
Le lendemain, le ministère américain de la Justice a officiellement annoncé l’existence de cette plainte et a confirmé les accusations qui pèsent contre le couple, rapporte The Chesapeake. Ancien haut fonctionnaire de l'armée marocaine et ancien attaché militaire à l'ambassade du Maroc aux Etats-Unis, Abdelkader Amal et son épouse sont accusés d'avoir séquestré Fouzia Haddag pendant trois ans dans leur maison à Alexandria en Virginie, tout en lui faisant subir de multiples sévices.
60 heures de travail par semaine sans congés réguliers, sans soins médicaux
Tout a commencé en décembre 2007. Fouzia, la plaignante, a travaillé pendant deux ans pour les Amal au Maroc, avant que ceux-ci ne lui propose de les rejoindre aux Etats-Unis pour y travailler pour eux et gagner beaucoup d’argent. Ce que la jeune femme accepte. Selon la plainte, dont le détail a été relayé par le site Courthouse News Service, M. et Mme Amal ont obtenu le visa de Fouzia sur la base de fausses indications. Ils avaient en effet mentionné dans le dossier qu’elle allait travailler comme domestique chez un autre employeur.
Dès le départ, ses patrons lui avaient pris son passeport. Alors qu’ils lui avaient promis de la payer 400 dollars la semaine, Fouzia non seulement devra s’adonner à de longues heures de travail dès le lendemain de son arrivée au pays de l’Oncle Sam, mais n’obtiendra pas le salaire convenu. La plainte indique qu’en décembre 2010 – date où elle réussit à s’enfuir, elle n’avait reçu que 9 000 dollars, soit 3 000 dollars par an, soit environ 57 dollars par semaine.
D’après le document détenu par la justice, la jeune femme était forcée à travailler parfois jusqu’à 60 heures par semaine pour les Amal, sans congés réguliers et devait aussi – quelques fois - faire le nettoyage aux domiciles des amis du couple gratuitement.
Il est également rapporté qu’elle a, une fois, accidentellement inhalé un produit de nettoyage toxique qui l’a rendu malade. Alors qu’elle crachait du sang, Mme Amal «a refusé de l’emmener à l’hôpital prétextant que c’était coûteux». Mais malgré son état, elle devait continuer de s’adonner aux travaux ménagers.
Agressions physiques et sexuelles
Par ailleurs, Fouzia dit avoir été victime – à plusieurs reprises - d’agressions de la part d’Abdelkader Amal. Ce dernier lui donnait des coups de pied pendant qu’elle faisait le nettoyage. Mais il ne se serait pas arrêté là. «Une nuit, M. Amal a demandé à [Fouzia] de lui apporter le café au salon. Lorsqu’elle est arrivé avec sa demande, il était complètement nu et a dit qu'il avait envie d'elle. La jeune femme a résisté aux avances de son patron en pleurant et en le suppliant de la laisser tranquille, mais il l’a prît de force», indique la plainte, ajoutant que les agressions sexuelles se sont régulièrement répétées par la suite.
Fouzia était séquestrée dans la maison et ses patrons tentaient de «lui faire peur en lui racontant que les Américains étaient tout le temps armés et dangereux ». Mais un jour de décembre 2010, elle réussit à s'enfuir avec l'aide d'un voisin.
«Mes parents traitaient Fouzia comme un membre de la famille»
D’après le reporter d’ABC7, la fille du couple rejette toutes ces allégations, affirmant que ses parents traitaient Fouzia Haddag, la plaignante, «comme un membre de la famille». La jeune fille affirme également qu’après l’expiration du visa de trois ans de Fouzia, ses parents lui ont demandé de retourner au Maroc pour obtenir un nouveau visa. Selon la fille des Amal, Fouzia était prête à tout pour rester aux Etats-Unis, même s’il fallait faire un faux mariage. «La seule chose qu’elle n’aurait pas pu faire, c’est monter dans un avion pour retourner au Maroc», a-t-elle dit.
Cette affaire est actuellement à l'étude par le Bureau extérieur de FBI à Washington, et le Département de Service de sécurité diplomatique de l'État américain. Elle est également suivie par les autorités du district Est de Virginie et l’Unité de poursuite pour trafic d’êtres humains de la Division des droits civils. Si Abdelkader et Hnia Amal sont reconnus coupables, ils pourraient écoper d’une peine maximale de 10 ans de prison et une amende de 250 000 dollars.