Mariage des mineures au Maroc : Le PJD et le PPS s’affrontent au parlement

Il faudra sans doute s’attendre à une rude bataille au parlement entre le PJD et son allié le PPS sur le sujet des mariages des mineures. Les islamistes n’entendent pas rester à l’écart du débat sur cette question. A l’instar des autres formations dites «modernistes», ils viennent de présenter une modification de l’article 20 du code de la famille. Les frères de Benkirane comptent limiter les autorisations des juges pour ce type de mariage aux mineures âgées de 16 et 17 ans.

Les anciens communistes veulent une interdiction des exceptions

Les députés du PPS s’inscrivent en faux contre la démarche des PJDistes alors que tous les deux sont membres de la majorité gouvernementale. Les anciens communistes veulent allez plus loin en interdisant complètement les exceptions et un total respect de l’article 19 de la Moudawana. Celui-ci prévoit, en effet, que «la capacité matrimoniale s’acquiert, pour le garçon et la fille jouissant de leurs facultés mentales, à dix-huit ans grégoriens révolus».

La confrontation entre les deux propositions d’amendement à la commission de la législation et de la justice à la Chambre des représentants, promet. En dépit de son alliance conjoncturelle avec le PJD, cette question revêt une importance capitale pour la formation de Nabil Benabdellah.

L’opposition soutiendra le PPS contre le PJD                       

A quelques mois de la tenue du 9^ème congrès du parti, les fidèles du secrétaire du général du PPS espèrent arracher une victoire aux islamistes. Celle-ci semble même primordiale pour atténuer les critiques de plus en plus virulentes de l’aile hostile au rapprochement avec les partisans de la Lampe qui les accuse de «dépendance» et de «soumissions» au PJD.

Cette bataille entre les anciens communistes et les frères de Benkirane risquerait de fragiliser, davantage, la majorité gouvernementale. Surtout que le PPS va recevoir dans cette bataille le soutient de tous les groupes de l’opposition (Istiqlal, USFP, PAM et UC). Le PJD semble bien isolé sur ce dossier.

Le CNDH en renfort ?

Par ailleurs, le PPS pourra également compter sur l’appui subtil du CNDH. L’organisme officiel des droits de l’homme est appelé à donner son avis sur cette question. A en juger par sa recommandation sur l’âge des travailleuses domestiques, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment de suspense quant à sa probable réponse.

Pour rappel, selon des chiffres du ministère de la Justice, les mariages des mineures ont plus que doublé depuis l’entrée en vigueur de la Moudawana le 3 février 2004, passant de 18.341 cas en 2004 à 39.031 en 2011.