«Nous demandons aux autorités françaises de profiter de sa présence [celle de Abdellatif Hammouchi, patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), ndlr] pour l'entendre dans le cadre des plaintes que nous avons déposées à Paris», a déclaré jeudi à l'AFP Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb-Moyen-Orient de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat-France), rapporte le Huffington Post Québec.
Abdellatif Hammouchi est à Paris depuis quelques jours. Il fait partie de la délégation menée par le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, pour rencontrer ses homologues français, espagnol et portugais.
L’Acat a en effet déposé deux plaintes contre le Maroc, jeudi 20 février, auprès de la France et de l’ONU pour les actes de torture qu’aurait subi le militant sahraoui Naâma Asfari, indique l'association dans un communiqué. Marié à une française, cet homme dit avoir été battu et affamé dans les prisons de Laâyoune en novembre 2010 par les éléments de la police et la gendarmerie marocaine. Il a été condamné à 30 ans de prison en février 2013, pour «constitution d’une bande criminelle et complicité de violence avec préméditation ayant entrainé la mort d’agents des forces publiques dans l’accomplissement de leurs fonctions.
Hammouchi également visé dans la plainte de deux Franco-marocains
Une autre plainte pour torture pèsent contre l’Etat chérifien. Il s’agit de celles de deux Franco-marocains, Mustapha Naim et Adil Lamtalsi, déposée en mai 2013 pour «aveux extorqués sous la torture au centre de Temara». Condamnés respectivement à 5 ans et 10 ans de prison, ils avaient été transférés en France pour terminer leurs peines.
Selon les déclarations à l’époque, d’une avocate au cabinet de Me William Bourdon (membre de l’Acat), la plainte ne visait pas des noms spécifiques «pour des considérations diplomatiques». Elle expliquait que c’était «au juge d’instruction de viser des personnes bien déterminées».
Citant «une source proche du dossier», le Huffington Post Québec rapporte que cette plainte a donné lieu à l'ouverture fin 2013 d'une information judiciaire à Paris. «M. Hammouchi est visé dans cette plainte pour complicité de torture», ajoute la même source.
Non au «sacrifice de la nécessité de lutter contre la torture sur l’autel des bonnes relations avec le Maroc»
D’après le journal québécois, le patron du contre-espionnage marocain serait également visé par une autre plainte déposée jeudi au parquet de Paris par Ennaâma Asfari, un militant des droits de l’homme sahraoui. D'après lui, la justice française peut enquêter au nom de la compétence universelle, en raison de la présence en France de M. Hammouchi.
Cependant, selon des sources judiciaires, une éventuelle audition d’Abdellatif Hammouchi impliquerait au préalable de vérifier avec le ministère des Affaires étrangères si la DGST peut ou non faire valoir une immunité. «Nous espérons que le parquet ne sacrifiera pas la nécessité de lutter contre la torture sur l'autel des bonnes relations avec le Maroc», a déclaré à l'AFP Me Joseph Breham, avocat des plaignants.