Le dernier rapport de HWR sur la migration aura été une note salée pour le Maroc. Les autorités du pays n’avaient pas apprécié la méthode de l’organisation, qui ne s’est concentrée que sur les points négatifs «en faisant fi des acquis du royaume en matière de politique migratoire ».
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapah El Khalfi, était monté au créneau après la sortie du rapport pour en déplorer le contenu. Le rapport de HWR est «totalement injuste», «basé sur des données et des allégations qui se trouvent dépassées depuis l'adoption par le Maroc d'une nouvelle politique migratoire», avait-il fustigé. Aujourd’hui, sa sortie médiatique semble avoir fait effet.
HWR rectifie le tir
Même si HWR soutient toujours, sur son site, que son rapport - réalisé avant la nouvelle politique migratoire - «décrit la violence et les abus que les forces de sécurité marocaines perpétrés contre les migrants subsahariens arrêtés près des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla», il a néanmoins choisi de rectifier le tir. L’organisme note ainsi les apports de la nouvelle politique marocaine dans le domaine de la migration. Il se penche aussi sur l'arrêt des expulsions à la frontière, après avoir consulté les migrants et les associations non gouvernementales.
En outre, HWR cite la nouvelle opération de régularisation des sans papiers - qui a permis aujourd’hui à 36 étrangers d’horizons divers de bénéficier d’un titre de séjour -. Enfin, l’organisme évoque le droit au travail accordé par le Maroc à certaines personnes que l’ONU avait qualifiées de réfugiés.
Le Maroc pourra s’ériger en modèle
A lire le communiqué de HWR, on croirait que l’organisme tresse des lauriers au royaume. Il affirme ainsi que les différentes réformes en matière de migration étaient un geste «audacieux» dans un pays où l'opinion publique est parfois hostile envers les migrants pauvres. Toutefois, le chantier le plus important reste à venir. Selon HWR, tout dépend maintenant de la mise en œuvre de cette politique migratoire, notamment la nature de la législation à venir et le mécanisme d'évaluation des futures demandes d'asile.
«La réussite de cette politique passe également par des procédures d’expulsions équitables des migrants qui ne seront pas admissibles pour la régularisation, mais aussi par des campagnes de sensibilisation du public pour lutter contre la xénophobie, et sur la façon dont les migrants peuvent facilement inscrire leurs enfants à l'école», note l’organisme. Pour ce dernier, «si les réformes finissent protéger les droits des demandeurs d'asile et autres migrants, le Maroc peut devenir un modèle en Afrique du Nord, où la plupart des États traitent les migrants en provenance du reste de l'Afrique honteusement».