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Grand Angle

Le « neguab » ou la pudeur d’antan

Une histoire sur l'utilisation et les origines du "neguab" au Maroc

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Temps de lecture: 2'

Vous devez tous connaître ce mot «neguab» ou «neggab», la transcription en français m’a toujours posé problème, mais bon là n’est pas le sujet du jour…
Le «neguab» donc a été un gage et est toujours un gage de «pudeur» dans notre culture, je ne puis vous dire quand il a été utilisé la première fois, ni comment d’un simple haïk on en est venu à découper ce petit morceau de tissu dans des matières très légères comme la mousseline, la soie …

Mais je puis vous parler de ce que ce petit bout de tissu a de «symbolique» chez nos mères, grand-mères, tantes…
Ma mère a aussi été parmi celles qui l’ont longuement utilisé avant de l’abandonner au profit d’un simple foulard ( si je puis dire abandonner, puisque la tête était aussi couverte par une sorte de capuche prolongeant la djellaba ).
C’était tout un rituel de mettre la djellaba additionnée d’une capuche dans la même matière, capuche que l’on pouvait soit attacher à l’aide d’une épingle à nourrice, soit à l’aide de boutons de pression, soit elle était carrément cousue.

Suivait alors le fameux bout de tissu, qui cachait la moitié inférieur du visage ne laissant apparaître que de beaux yeux khôlés…
Aujourd’hui encore beaucoup de femmes au Maroc l’utilise (je ne puis parler que du Maroc car c’est ce que je connais), parmi elles une grande-tante à ma mère, à qui j’avais une fois posé la question sur son utilité. Pourquoi n’utilisait-elle pas un simple foulard comme le font la plupart des femmes ? Surtout que ce n’est pas inscrit dans le coran…

Sa réponse m’avait alors autant amusée que laissée perplexe, elle m’avait dit que chez les berbères du sud marocain, il était écrit dans la tradition qu’une femme qui se respecte ne dévoile pas son visage à des inconnus et comme dans ces villages berbères les femmes utilisent un long morceau de tissu et s’en enveloppent d’une manière très ingénieuse, elles avaient trouvé un substitut à ce long morceau. Un substitut qu’elles n’utilisaient qu’en ville ou à la «médina» comme on dit chez nous…Ainsi, quand elles repartent au village elles reprennent leur autre habit et laissent de côté le «neguab» et vice versa quand elles retournent en ville…
Ceci n’est que le témoignage de cette tante, je suppose qu’il doit y avoir d’autres explications …

En tous les cas, ma mère garde encore le dernier «neguab» qu’elle a utilisé durant les années 70, par nostalgie sans doute …
Je l’ai essayé une fois, je ne sais vraiment pas comment elles faisaient en été pour supporter la chaleur et surtout pour respirer en dessous même si le tissu est assez fin…Mais me direz-vous comment font les femmes en Afghanistan avec leur purdah ? … Question d’habitude sûrement, mais d’obligation aussi…
En tous les cas j’admire leur courage rien que pour cela, pas facile du tout, je l’avoue…Et je leur dédie ce texte, à toutes ces femmes, bravo…

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