Benkirane contre le HCP : Le gouvernement veut sa propre agence de prévision économique

Tout porte à croire que la guerre que se livrent le gouvernement et le HCP au sujet des prévisions est appelée, dans un avenir, à connaître de nouveaux rebondissements. Le cabinet Benkirane réfléchit à la riposte appropriée à la récente sortie médiatique du Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi.

Mardi 12 janvier, à l’occasion de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre des Affaires générales du gouvernement et de la Gouvernance, Mohamed El Ouafa, a annoncé que l’exécutif planchait sur un projet de loi portant sur la création de l’Agence autonome des prévisions économiques et des statistiques (AAPES). Une instance qui devrait être mise sous la tutelle directe du chef du gouvernement. Le ministre El Ouafa n’a pas, pour autant, donné davantage de détails sur cette future agence. Mais ce projet s’apparente clairement à une caisse de résonnance en vue de faire contrepoids aux  études et estimations du HCP, souvent à l’opposé de la ligne de conduite prônée par le gouvernement.

Benkirane : «j’ai été surpris par les déclarations politiciennes de Lahlimi»

Aujourd’hui à la Chambre des conseillers, Abdelilah Benkirane est revenu sur les prévisions de la croissance économique du chef du HCP. «Personnellement, elles ne m’ont pas dérangé», a-t-il reconnu. Par contre Benkirane n’a pas manqué de critiquer le  Haut-commissaire au plan  sur un autre aspect affirmant  que «ce qui m’a surpris ce sont, plutôt, les déclarations politiciennes de Lahlimi». Le chef du gouvernement reproche à Lahlimi d’avoir tenu un point de presse pour la présentation de ses prévisions. «Il aurait pu se contenter d’un communiqué», a-t-il souligné. Fidèle à son habitude lorsqu'il évoque ses opposants, Benkirane a martelé devant les conseillers qu’il a été à la disposition d’Ahmed Lahlimi, estimant qu’il a «toujours répondu à ses demandes».

La nouvelle Agence autonome des prévisions économiques et des statistiques ne sera qu’une autre arme au service du gouvernement dans sa guerre contre le chef du HCP. Depuis l’annonce de prévisions de croissance du HCP par Lahlimi, le moins qu’on puisse dire c’est que ce dernier n’est pas épargné par le gouvernement. El Ouafa l’avait d’abord accusé de s’attaquer à l’image du pays juste après la publication des chiffres du HCP. Et il y a quelques jours au parlement à l’occasion de l’examen du projet de la loi organique du conseil supérieur de l’enseignement, le cabinet Benkirane avait rejeté une demande de l’opposition permettant au Haut-commissaire au plan de siéger dans le futur CCE.