Que veut le RME?

Quand je vais là-bas, où j'ai mon barda
Je me fâche et, lâche, je veux revenir ici!
Et quand je suis ici, malade de nostalgie,
Je ne rêve que de retourner là-bas...
Il ne sait pas ce qu'il veut, ce tourmenté de RME?
Ou alors il aime, comme un hlaïki, jouer avec le feu?
Non, seulement, il parait que c'est comme ça
Que ça arrive, quand on vit hors de sa médina,
On se perd un peu, beaucoup, stupidement...
Tout dépend de votre vie et de ses comment...
Quand même, ça vous dérange, vous voulez compendre!
Pourquoi faire? Laissez donc les spécialistes faire!
Vous le savez déjà, ça ne peut plus surprendre,
Ils vous posent des questions, ne vous écoutent guère
Puis vous collent prestement tous leurs savants mots:
"RME" comme une chère, tres chère deuxième peau
"Identite", soeur ennemie de ce manque de velléité
Qui, parait-il, vous pousse à le sucrer encore plus ce thé
Puis tous les autres refrains, comme "appât du gain"
Même s'il ne s'agit que de cet incontournable pain.
"Bâtard culturel"? Là, ça ne rime à rien:
On ne perd jamais le lien, à qui ça fait du bien?
Même cette solitude qui vous ronge a été mesurée:
C'est décrété: c'est la plus haute qui peut vous tuer...
Ils vous ont même choisi pour meilleurs amis:
La carte de crédit, déguisée en carte de débit
Avec, au tournant, son populaire compère
Mais oui, le fameux mais coûteux crédit bancaire...
Il vaut mieux en rire, pour ne pas penser au pire...
Tu sais pourquoi mais, il faut encore le redire:
On pourrait geindre, à ouili, à l'infini,
A en lasser voisins, parents et lointains amis.
Alors, RME de France ou des Amériques,
Continues encore un peu, ne joues pas le jeu:
Ni ici ni là-bas, tu le sais, on ne revendique.
Continues comme tu es, heureux-malheureux,
Toi seul sait que ton trésor le plus cher,
C'est ton âme qui ne brille qu'au soleil de l'été,
Quand tu te racontes au pays de tes pères,
Et que tu chuchotes seulement à la mère,
Cette peur de revenir mais aussi celle de rester...