Les inégalités forment un système et lorsque quelqu’un subit deux systèmes d’inégalité, la peine est double. Ce constat s’applique particulièrement bien aux Marocaines résidant en Belgique. Originaires du Maroc, elles appartiennent à l’un des groupes les plus défavorisés de Belgique et femmes, elles vivent dans un système patriarcal inhérent tant à la société belge qu’à la société marocaine. Les inégalités belge/marocain, femme/homme s’emboitent si bien les unes dans les autres, semblables à des poupées russes, que seules 11% de celles qui sont en âge de travailler ont effectivement un emploi, révèle une étude de «monitoring socio-économique» du Centre pour l’égalité des chances et contre le racisme publié en septembre 2013 et dont certains constats étaient restés inaperçus.
Parmi les femmes, entre 18 et 60 ans, originaires de l’un des trois pays du Maghreb - sachant que la communauté maghrébine en Belgique est composée, dans son immense majorité, de Marocains - seulement 35 % appartiennent à la population active. Cela signifie que seulement 35% des femmes d’origine marocaine cherchent un travail ou ont un travail ; toutes les autres sont soit empêchées de travailler par une incapacité, soit ont fait le choix d’y renoncer, volontairement, ou par dépit, sachant à quelles difficultés elles auraient à se confronter. L’écart entre la présence sur le marché du travail des hommes et des femmes d’origine belge est de 8 points de pourcentage. Celui entre les Belges et les Marocains est de 13 points. Les Marocaines cumulent les deux handicaps et enregistrent 53 points d’écart avec les hommes d’origine belge.
5% des Marocaines employées à temps plein
Parmi les femmes originaires du Maroc et qui sont présentes sur le marché du travail belge, seules 31,5% d’entre elles ont un emploi ; toutes les autres, la grande majorité, sont au chômage. 25,1 points de pourcentage séparent le taux d’emploi des hommes d’origine belge et celui des hommes d’origine marocaine. Entre les hommes et les femmes belges, l’écart est de plus de 8,3 points. Au final, 46,8 points séparent les hommes d’origine belge et les Marocaines. De la sorte, seulement 11% des Marocaines de Belgique en âge de travailler ont un emploi.
Parmi les femmes originaires du Maroc actives et ayant un emploi, un peu moins de la moitié -47%- travaille à temps plein, soit 16 555 personnes. La question du temps de travail est moins sujette aux inégalités selon les origines que les deux précédentes, mais beaucoup plus selon le sexe. Ainsi, 12 points de pourcentage séparent les hommes d’origine belge, des hommes d’origine marocaine ; alors que 38 points séparent les hommes et les femmes belges. 41 points séparent finalement les Marocaines salariées à temps plein des hommes belges dans la même situation.
La proportion de Marocaines en âge de travailler qui bénéficient de ce qui reste la norme dans les sociétés européennes, à savoir un emploi salarié à temps plein, est donc infiniment faible : 5%. Les inégalités pourraient continuer à se décliner à l’infini : variété des secteurs d’activité, niveau de salaire, stabilité...