Italie : Les Marocains, première communauté étrangère en dehors de l'UE

L’immigration marocaine est devenue de plus en plus importante en Europe ces dernières années. Si la France s’impose comme le premier pays d’accueil des marocains, l’Espagne mais aussi l’Italie ne sont pas en reste. D’après un livre publié en français et en italien par le centre des études et des recherches, Idos, avec le soutien du ministère des marocains résidant à l’étranger (MRE) et de l'ambassade du Maroc, les Marocains forment la première communauté étrangère en Italie en dehors de l’UE. Selon ce document intitulé «Un pont sur la Méditerranée», cette communauté marocaine représente plus d’un demi million - 513 000 - en Italie, dont près de la moitié (44%) est féminine et 30% des mineurs.

D’après Ansamed.info, «Un pont sur la Méditerranée» a été lancé avec un autre ouvrage bilingue. Ce dernier, intitulé Iprit ou «Parcours de l’Immigration pour la Régularité en Italie» est un programme conjoint avec le ministère italien de l'Intérieur. Parmi les projets de l’IPRIT, un guide bilingue, des cours et des informations diffusées par les médias sociaux sur la réglementation de l'immigration italienne. Ces documents seront offerts aux potentiels immigrants, avant qu'ils ne quittent le Maroc. «Notre pays est aussi une terre d’émigration et d'immigration, nous partageons bon nombre des problèmes de l'Italie», a souligné l'ambassadeur Hassan Abouyoub, lors du lancement du livre.

Les 100 000 enfants marocains scolarisés en Italie sont des «médiateurs culturels»

Selon la même source, le royaume est le premier pays à avoir signé  le partenariat pour la mobilité en juin 2013, avec la Commission européenne. Ce partenariat vise, en effet, à promouvoir l'immigration légale. Ce qui fait que le Maroc a procédé à l’adoption de certains programmes, notamment celui de l’Iprit pour faciliter l’immigration de ses citoyens en Italie.  D’après la même source, les Marocains ont commencé leur immigration en Italie dans les années 1980. Mais l’accélération des arrivées s’est opérée entre 2001 et 2012. C’est au cours de cette décennie que 346 000 immigrés ont pu fouler le sol transalpin, la majorité étant installée dans le nord de la Lombardie, en Vénétie, ainsi que dans le sud de la Calabre.

Globalement, les Marocains forment une communauté «stable», «axée sur la famille» et 64,1% d’entre eux possèdent un permis de résidence à long terme. En termes de scolarisation et d’activités professionnelles, on indique que les femmes ont un faible taux d'alphabétisation et seulement 23% d'entre elles ont un emploi. Pour y remédier, des projets ont été lancés par le Maroc et l’Italie. Un point beaucoup plus intéressant demeure néanmoins : les 100 000 enfants marocains scolarisés en Italie sont devenus, de ce fait, des médiateurs culturels pour leurs familles.

Entre effets de la crise, revenus faibles et familles nombreuses

S’agissant de leur situation économique, Ansamed indique que la communauté marocaine en Italie a également subi les conséquences de la crise et du chômage qui persistent en Europe. Ainsi, parmi les 300 000 marocains aptes à travailler, seuls 151 000 ont un emploi et seuls 18,44% sont indépendants. Conséquences, certaines familles marocaines pourraient ne pas être épargnées par la pauvreté d'ici quelques temps puisque qu’elles ont tendance à vivre avec un seul revenu tout en ayant beaucoup d’enfants.

A titre de comparaison avec les familles italiennes, il en ressort que le revenu moyen des ménages marocains en Italie est de 53% inférieur à ceux des autochtones. La lutte contre chômage dans cette communauté «est donc un défi pour nous aussi», a reconnu le vice-ministre du Travail Maria Cecilia Guerra. Ainsi, il a été question de mettre en place des dispositifs pour «promouvoir l'intégration des marocains dans le marché du travail et dans la société».

La réglementation italienne concernant les citoyens des pays non membre de l’UE adoptée durant la décennie précédente «restreignait injustement l'accès des Marocains aux services sociaux», selon l'ambassadeur du Maroc. C'est une violation de l'article 65 de l'accord de 2000 entre la Commission européenne et le Maroc, qui interdit la discrimination et l'inégalité de traitement entre les travailleurs marocains et des citoyens italiens.