Zouheir Rafah a peur de retourner au Maroc après sa libération, a confié mercredi à la presse espagnole son avocat, Me Antonio Piscine. Condamné à 10 ans de prison pour sa participation aux attentats de Madrid, la justice espagnole a décidé de le libérer le 16 mars prochain. Mais la police, estimant qu’il représente «un danger pour la sécurité nationale», a ouvert une procédure d’expulsion vers le Maroc qui prendrait effet, après sa sortie de prison.
L’Association des victimes a réclamé son «expulsion immédiate»
Mais Zouheir ne veut pas rentrer dans son pays d'origine. Il craint des représailles si l’on apprend sur place qu’avant les attentats de Madrid, il renseignait la Guardia Civil sur des trafiquants de drogue, d’armes, ainsi que des intégristes religieux basés au royaume chérifien, a indiqué Me Piscine. De plus, le MRE redoute également la manière dont les autorités chérifiennes pourraient le recevoir, en raison de son implication dans les attentats.
La décision de son expulsion n’ayant pas encore été confirmée par la Haute cour de justice, l’Association des victimes du terrorisme est montée au créneau, mardi 28 janvier, réclamant «l’expulsion immédiate» de Zouheir après sa libération. Elle a appuyé sa requête avec l’article 57 de la loi sur les étrangers qui veut que tout étranger ayant été condamné en Espagne pour des comportements graves, plutôt qu’être soumis à une peine d’amende, soient expulsés.
Son avocat va faire appel, mais le combat est loin d’être gagné
Pour défendre le maintien de Zouheir sur le sol espagnol, son avocat fait valoir l’attitude repentante qu’il a eue après sa condamnation. Il avait envoyé de nombreuses lettres d’excuses aux victimes, prouvant qu’il regrettait ce qui était arrivé. Me Piscine insiste aussi sur le fait que son client, arrivé en Espagne à l’âge de 12 ans (aujourd’hui âgé de 45 ans), a passé presque toute sa vie dans le royaume ibérique et y est totalement intégré.
La police n'a pas encore réagi aux craintes de Zouheir, mais Me Piscine prévoit de faire appel à la Cour d’extradition en cas de rejet de sa demande. Cependant la situation irrégulière de ce MRE pourrait compliquer les choses. En effet, il détenait un titre de séjour de 10 ans au moment de sa condamnation. Seulement, celui-ci a expiré pendant qu’il purgeait sa peine et n’avait pas été autorisé à renouveler ses papiers.
Il est possible que la réponse du tribunal à l’appel de son avocat tarde et la pression de l'Association des victimes de terrorisme pourrait, d'ailleurs, favoriser un avis négatif. Mais du fond de sa cellule à la prison de Puerto 1 (Cadix), son plus grand souhait, assure son avocat, est de se réinstaller à Madrid et y vivre comme un citoyen tout à fait normal après le 16 mars prochain.