Mardi 28 janvier, la ministre déléguée aux Affaires étrangères a convoqué, au siège du département des Affaires étrangères, l’ambassadeur algérien en poste à Rabat. Mme Mbarka Bouaida a fait part au diplomate «la forte désapprobation du Royaume du Maroc, suite à l'expulsion par les autorités algériennes vers le territoire marocain, entre dimanche 26 et mardi 28 courant, de plus de 70 ressortissants syriens», indique un communiqué du ministère. Une première. En attendant une solution à ce problème, Rabat a «prêté l'assistance requise et prodigué les soins nécessaires aux ressortissants syriens dans la zone frontalière avec l'Algérie», ajoute la même source.
Les Syriens sur les traces des Subsahariens
Dans la soirée, les JT de 2M et Al Oula ont diffusé des reportages de la zone frontalière avec l’Algérie, montrant les familles syriennes refoulées, installées provisoirement dans des tentes caidales.
Des témoignages recueillis sur place indiquent que les réfugiés ont atterri, il y a quelques jours, à l’aéroport Houari Boumediene en provenance du Liban. Certains ont expliqué qu’ils ont été emmenés, à bord de véhicules des forces de l’ordre, vers la frontière avec le Maroc pour y être laissés là-bas.
«Tout en appelant l'Algérie à assumer pleinement ses responsabilités, le Maroc déplore, profondément, cet acte inhumain, d'autant plus qu'il s'agit de femmes et d'enfants dans une situation de vulnérabilité extrême», souligne le communiqué du département de Salaheddine Mezouar.
Visiblement sur ce dossier, le voisin de l’Est adopte une approche similaire à celle utilisée depuis 2004, à l’égard des migrants subsahariens. De son côté, Rabat ne souhaite pas subir le fait accompli et accueillir des vagues de réfugiés syriens déportés par Alger.
Silence à Alger
Jusqu’à présent la convocation de l’ambassadeur algérien n’a pas encore, suscité de réactions de la part des autorités de ce pays. Ni Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ni le fameux colonel des gardes-frontières n’ont été dépêchés pour exprimer la position officielle de l'Etat algérien.
Par ailleurs, certains supports de la presse locale se sont contentés d’annoncer la nouvelle, à l’instar du site TSA, alors que d’autres médias, El bilad et algériepatriotique.com, surfent sur le ton polémique et parlent de «provocation du Makhzen» et de nouvelles «attaques marocaines contre l’Algérie».