«Les chiffres présentés par le HCP sont faux. Les Marocains doivent croire le gouvernement et ses chiffres présentés par le ministère de l'Economie et des finances. C'est le gouvernement qui est chargé de la gestion», a déclaré jeudi soir sur le plateau de Radio Aswat, Mohamed El Ouafa, ministre des Affaires générales et de la gouvernance.
Le HCP «s’attaque à la réputation de l’Etat»
En effet, la prévision de croissance de l’ordre de 2,4% du PIB en 2014 présentée par le HCP, le 22 janvier dernier n’est pas du goût du gouvernement. Elle représente presque la moitié du chiffre avancé par l’Exécutif (4,2%). Hier, jeudi, le ministère des Finances a publié un communiqué réaffirmant ses chiffres.
M. El Ouafa s’en est même pris au patron du HCP, Ahmed Lahlimi Alami, estimant que ce dernier «s'attaque à l'image du pays, dans la mesure où les investisseurs seront choqués et terrifiés par les chiffres qu'il a sorti». Il a tenu à lui adresser un message personnel affirmant : «toute personne qui ose s'attaquer à la réputation de l'Etat n'aura pas mon respect. Il dispose de bureaux à Rabat, donc il n'a qu'à aller à Rabat pour organiser sa conférence de presse». Prenant la défense du Premier ministre, il avertit : «ceux qui veulent s'attaquer à Benkirane, la personne, sont libres, mais ceux qui veulent l'attaquer en tant que Chef du gouvernement doivent prendre en considération l'intérêt de la nation».
Et BAM dans tout ça ?
Le HCP est bien une institution relevant de l'Etat, dont le rôle est de renseigner sur la réalité économique du pays. Ses rapports et études ont toujours été hautement considérés sur le plan national, comme international. Pourquoi voudrait-il s'en prendre à l'Etat ? C'est une question qui demeure pour l'instant sans réponse, mais les médias estiment que la réaction d'Ahmed Lahlimi Alami ne devrait pas tarder.
Par ailleurs, si Mohamed El Ouafa s’en prend au HCP et à son dirigeant, les chiffres de cette institution ne sont pas loin de ceux de Bank Al Maghrib (BAM). En effet, bien que la banque centrale ait fourni une tranche, prévoyant un taux de croissance entre 2,5% et 3,5% du PIB cette année, il est évident qu’Abdelatif Jouahri et son équipe s’inscrivent dans une logique d’une année plus ou moins difficile. A noter qu’ils ont basé leurs chiffres sur l’hypothèse d’une campagne céréalière moyenne de 70 millions de quintaux. En clair, BAM admet qu’il y a de fortes chances que le taux de croissance cette année descende jusqu’à 2,5% du PIB, mais cela semble échapper à Mohamed El Ouafa.
La guerre des prévisions de croissance au Maroc n’est pas une première. En 2012 déjà, le torchon avait correctement brûlé entre le gouvernement et BAM pour les même raisons. Cette année-là était celle de toutes les hésitations, car la situation économique en Europe, principal partenaire économique du royaume, se détériorait au fil des mois. Il est vrai que l'Europe connait une certaine reprise depuis peu, mais il n’en demeure pas moins qu’on ne peut pas encore crier victoire.