Une nouvelle résolution sur la circoncision. C’est ce que réclament, depuis plusieurs semaines déjà, des responsables musulmans et juifs au Conseil de l’Europe. Le 1er octobre dernier, l’Assemblée parlementaire de l’organisation paneuropéenne (APCE) avait, en effet, adopté une résolution controversée, classant la «circoncision des jeunes garçons pour des motifs religieux» parmi les «violations de l'intégrité physique des enfants» à combattre.
Pour tenter de faire changer d’avis celle-ci, une délégation de responsables musulmans et juifs s’est rendue, lundi, au siège du Conseil, à Strasbourg, a fait savoir le journal en ligne 20minutes.fr, citant l’AFP. Ces derniers ont ainsi eu un entretien avec son secrétaire général, Thorbjorn Jagland pour lui demander l’adoption d’un autre texte qui ne fasse pas l’amalgame entre la circoncision et d’autres formes de «violations de l'intégrité physique» comme l’excision.
La Grand mosquée de Paris, l'association Amitié judéo-musulmane de France (Ajmf), émanant du Consistoire de Paris et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ont également participé à cette entrevue. «Nous sommes venus entendre de vive voix la position de M. Jagland sur la question», a déclaré à l’AFP Marc Schneier, un rabbin de New York.
Un débat prochainement
Si ces responsables musulmans et juifs ont décidé, maintenant, de passer à la vitesse supérieure, c’est parce que le sujet doit faire l’objet d’un nouveau débat lors d'une audition de la Commission des questions sociales de l'APCE. Celui-ci est programmé pour le 28 janvier prochain, en présence du rapporteur du texte, en l’occurrence la sociale-démocrate allemande Marlene Rupprecht.
Des représentants du Conseil européen des rabbins (CER) et du Conseil français du culte musulman (CFCM) sont également attendus. Thorbjorn Jagland «nous a assurés que quoi que décidera l'Assemblée parlementaire, aucune résolution (Ndlr : à l'image de celle adoptée le 1er octobre) ne sera jamais acceptée au Conseil de l'Europe», s'est félicité Marc Schneier, qui dirige également la «Foundation for Ethnic Understanding», une association américaine réunissant des responsables juifs et musulmans.
Protéger les valeurs religieuses
Dans une lettre envoyée en octobre en réponse à Shimon Peres, Thorbjorn Jagland avait clairement pris ses distances avec la position de l’APCE. «Le conseil s'est engagé dans la protection des droits des enfants et de leur bien-être physique. Mais dans un même temps, notre Constitution ne voit pas la circoncision et l'excision religieuse comme la même chose. L'excision est définie comme de la violence sexiste, la circoncision est un moyen de protéger les valeurs et les traditions religieuses», affirmait alors le responsable dans son courrier.
«Je comprends la réaction des communautés juives et musulmanes à cette résolution, mais je tiens à souligner que le Conseil parlementaire européen n'est qu'un organe consultatif, qui ne représente pas la politique générale du Conseil de l'Europe», précisait-il.
Le président de l'AJMF, le rabbin de l'Essonne Michel Serfaty, a par ailleurs indiqué qu’il espérait «une nouvelle résolution qui s'aligne sur la position du président français François Hollande». Le président français avait, pour rappel, affirmé en novembre dernier qu'il n'était «pas question de remettre en cause un geste symbolique du judaïsme comme d'autres religions».