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Grand Angle

Marocains de la SNCF : Le conseil des prud’hommes de Paris se prononcera aujourd'hui

La décision du conseil des prud’hommes dans l’affaire opposant les cheminots marocains à la SNCF est attendue pour ce lundi. Ces derniers, embauchés dans les années 70 au Maroc, accusent l’entreprise ferroviaire française de discrimination. Leur avocat demande 450 000 euros de réparation pour chacun d'entre eux. Explications.

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Les cheminots marocains de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) pourraient obtenir justice dès aujourd’hui devant le conseil des prud’hommes de Paris. Celui-ci doit, en effet, se prononcer ce lundi 13 janvier, sur le cas d’une cinquantaine de cheminots marocains, constitués en groupe, qui accusent l’entreprise française de discrimination, indique le journal en ligne Lyoncapitale.fr.

Au total, ils sont près d’un millier de cheminots marocains, embauchés durant les années 1970 et dont plusieurs ont été naturalisés français, à avoir assigné la société française en justice. Ayant travaillé pendant des années sous un régime de droit privé, beaucoup moins avantageux que le celui de l’entreprise publique, ces Marocains perçoivent aujourd’hui des retraites «largement inférieures» à celles de leurs anciens collègues français. Lahcen Khlifi, 63 ans, en fait partie.

34 ans sur les voies ferrées

«J’ai quitté l’école à 15 ans pour travailler avec mes parents agriculteurs», se souvient-il. «Au Maroc, la vie était très dure. Alors je me suis rendu à une journée de recrutement organisée à Fès, où l’on m’a fait passer des tests physiques et psychologiques. Ça a marché», raconte-t-il. L’homme n’avait alors que 22 ans. Il embarque quelques jours plus tard dans un bateau à Casablanca en direction de la France, avec l’intention de revenir un ou deux ans après au Maroc. Mais finalement, le chibani aura passé 34 ans de sa vie sur les voies ferrées en Seine-et-Marne.

«Ce n’était pas facile. Il fallait travailler de nuit, jongler avec les horaires, tenir le coup. À cette époque-là, on attachait les rails à la main ! C’était pénible mais on était quand même heureux. On avait un travail. Moi, je n’ai jamais connu le chômage !», confie-t-il. Aujourd’hui, il se sent, toutefois, «berné».

Pas le même statut

«J’ai pourtant travaillé le même nombre d’années, dans la même entreprise, aux mêmes postes !», regrette le Marocain qui perçoit «à peine plus de 1000 euros» de retraite alors que ses collègues français  touchent près de 500 euros plus. La différence entre lui et ses collègues français réside dans le statut. Lahcen Khlifi n’était que contractuel pendant que les autres bénéficiaient d’un statut de «cadre permanent».

«La SNCF n’a pas respecté le principe d’égalité de traitement entre des salariés placés dans une situation identique», estime Olivier de Boissieu, le nouvel avocat de ces cheminots marocains, cité par la même source. Celui-ci réclame pour chacun d’entre eux quelques 450 000 euros en guise de réparation de différents préjudices, «dont ceux de carrière et de retraite». «Chaque État membre accorde aux travailleurs de nationalité marocaine sur son territoire un régime caractérisé par l’absence de toute discrimination fondée sur la nationalité par rapport à ses propres ressortissants, en ce qui concerne les conditions de travail, de rémunération et de licenciement», explique l’avocat qui se base sur l’article 64 de l’accord euro-méditerranéen du 27 février 1976, modifié le 26 février 1996.

En attendant le verdict du conseil des prud’hommes, Lahcen Khlifi, lui, ne perd en tout cas pas espoir. «Peu importe le temps que cela prendra, insiste l’ancien cheminot du 77. Aujourd’hui, je me bats par principe. Je suis serein et j’ai ma conscience tranquille. Je sais que j’ai toujours fait mon travail. À la France maintenant de faire le sien». 

Main-oeuvre bon marché
Auteur : Youssef94
Date : le 13 janvier 2014 à 15h02
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