Le calme est revenu à Melilla. Et pourtant la ville a connu une violente protestation de jeunes d’origine marocaine et sans emploi. Durant toute la journée de vendredi et jusqu’aux premières heures de la matinée de samedi, les manifestants, en majorité des habitants du très populaire quartier la Cañada de Hidum où se concentrent les plus démunies de la ville, souvent des musulmans, ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, mis des barricades et incendié des pneus. El Pais parle même de tirs à balles réelles sur les éléments de la Guardia Civil. A l'issue de ces troubles, les médias espagnols avancent le chiffre de 13 blessés dans les rangs de la police et ne mentionnent aucun chiffre du côté des protestataires.
L’emploi est la cause des affrontements
Une nouvelle fois, c’est la question de l’emploi qui a mis le feu à la poudrière. Ces événements deviennent habituels chaque année à l’occasion de la publication par la Délégation du gouvernement (une instance représentant l’administration centrale) de la liste des bénéficiaires de postes de travail saisonniers (jardinage et nettoyage) d’une durée de six mois avec un salaire mensuel de 1000 euros. En janvier 2013, l’enclave espagnole avait en effet connu des incidents similaires provoqués par les mêmes raisons.
Le processus de sélection des heureux candidats est fortement remis en cause par ses détracteurs. Selon Coalicion por Melilla (CpM), parti d’opposition local, celui-ci obéit avant tout à des considérations politiques dont l'objectif est de favoriser le Partido Popular de Juan José Imbroda lors des prochains rendez-vous avec les urnes, plus qu’aux normes de transparence. D’autant que 2014 est, par excellence, une année de préparation de l’échéance des législatives de 2015 à moins d’un coup de théâtre annonçant des élections anticipées. La droite tente d’asseoir son influence dans la ville en élargissant la liste de ses obligés.
Les causes de ces affrontements récurrents ont un caractère strictement local et largement éloignées des revendications territoriales de l’Etat marocain.