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Grand Angle

Enquête interactive : Dégradation des moeurs à Marrakech ?

Marrakech la ville symbole de la réussite du modèle touristique marocain est au centre d’un débat qui agite le Maroc au gré des découvertes et des scandales. Il s’agit bien sûr d’un tourisme moins honorable, le tourisme sexuel, appelé pudiquement « dégradation des mœurs ». Pour ouvrir le débat à notre tour, nous avons sollicité les internautes. Leurs avis sont à l’image du débat intermittent que connaît la société marocaine. Plus de 2800 personnes ont répondu. Analyse.
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D’après une grosse majorité des sondés, la pauvreté et la perte des valeurs qu’elles soient culturelles ou religieuses sont les causes de cette déchéance en terre musulmane. 31 % des sondés considèrent que la pauvreté est la cause principale du développement du tourisme sexuel à Marrakech. Nabil en veut pour preuve le nombre d’enfants non scolarisés faute de moyens : « A Marrakech et ses environs des enfants n’ont jamais été scolarisés faute de quoi s'acheter les fournitures scolaires et de quoi payer un photographe pour les 4 photos nécessaires, à Marrakech des enfants meurent parfois faute d'un médicament qui coûte 63DH ». Mais la pauvreté serait un bon prétexte pour éviter de regarder la réalité en face, pour de nombreux internautes, il est temps que la société marocaine s’interroge sur ses dérives.

Pour Safir, « on ne peut plus cacher ce qui se passe à Marrakech, ni sur les autres villes, certes, le tourisme sexuel est le premier responsable, mais c'est pas le seul, la pauvreté? Non, c'est un beau prétexte, pas plus». En effet d’autres pays comparables au Maroc, voir plus pauvres, ne souffrent pas de la réputation acquise ces dernières années. L’affaire Servaty (journaliste belge impliqué dans le scandale pornographique d’Agadir) a valu à notre pays d’être comparé à la Thaïlande, pas moins ! Le journal le Monde est le premier média crédible « aux yeux des responsables marocains » à avoir sonné la charge par la plume de sa meilleure arme anti-marocaine : JPT (Jean Pierre Tuquoi). Son article publié le 22 juin, ne va pas par quatre chemins « Le royaume, qui voit débarquer depuis le tsunami en Asie d'anciens habitués de la Thaïlande, veut éviter des scandales publics. ». Il suffit qu’un média étranger s’empare de l’affaire pour que nos responsables découvrent le phénomène. Est-ce la sacro-sainte image du Maroc à l’étranger ou c’est tout simplement le complexe du colonisé qui sévit encore de nos jours ?

D’autres internautes (25%), expliquent le phénomène par le non respect de la religion, voilà qui est clair, net et précis et ne laisse pas lieu à des tergiversations. Après tout nous sommes dans un pays musulman. Pour Omer « Le problème n'est pas non plus lié au Maroc, c'est un problème universel, mais comme notre pays est musulman, on doit avoir honte que nos concitoyens se délient de leurs principales valeurs humaines ». Un autre marocain résident en suisse appelle au réveil : « Je crois que nous devrions nous réveiller, car nous avons une réputation à défendre, n'oublions pas notre religion, et ses principes ». Quant à la perte des valeurs identitaires marocaines, ils sont 18% à y voir la raison de la dégradation des mœurs que connaît Marrakech en particulier et le Maroc en général. Certains fustigent un système éducatif incapable de transmettre les valeurs identitaires marocaines : « Le système éducatif, qui produit, hélas, des gens aliénés ; qui imitent et visent l'étranger ».

Pour 15% des sondés, toutes ces raisons ne sont pas de nature à expliquer les scandales sexuels au Maroc et surtout pas la pauvreté. L’appât du gain serait d’après eux la motivation principale, Othman livre sa version : «Aujourd'hui la prostitution a changé de visage, de plus en plus de femme font ça après leur travail pour avoir encore plus d'argent, des lycéennes ou des étudiantes qui vivent chez leur parents et qui sont entretenues par eux, mais qui veulent le superflu, devenu nécessaire dans la société de consommation (un beau portable, des dessous chics ...) ». L’obsession du gain n’est pas seulement la caractéristique des lycéennes en mal du dernier Nokia, mais c’est un système tout entier qui est en cause. Beaucoup d’internautes s’interrogent sur la qualité des touristes que le Maroc attire. Amine fustige la mauvaise gouvernance touristique : « L’Espagne a su attirer un nombre considérable de touristes rentables et respectueux, seul l'Andalousie totalise plus de 9 millions, les îles Canarie, plus de 11 millions,...Chez nous, on essaye de faire venir des gens, en majorité, obsédés sexuellement de l'orient ou autres, en leurs facilitant sous prétexte d’investissement et nous continuons à rêver à 10 million de touristes ». Il est vrai que le moins qu’on puisse dire au sujet des responsables marocains c’est la démission. Au plus beau pays du monde, rien à signaler (RAS), pour l’instant pas d’instruction de Rabat. La presse acquise à la propagande officielle est plus encline à condamner les islamistes qui agiteraient l’étendard de la débauche qu’à informer du développement massif des réseaux de prostitution, pire de pédophilie.

Enfin, ils sont 8% à ne pas voir le « mal », pour eux, il y a pas de dégradation des mœurs à Marrakech, Fatima balaye les accusations farfelues « Marrakech est la ville la plus touristique du Maroc, et au contraire elle a bien gardé ses moeurs et ses petites habitudes tout en s'ouvrant sur l'occident », et tente de trouver un sortie honorable : « Je vous signale que la moitié des gens qui vivent la nuit, ne sont pas des marrakechis ». Circuler, il n y a rien à voir !

Au-delà des conclusions que chacun peut tirer, le citoyen marocain est en droit de se poser des questions sur la politique du développement du tourisme dans notre pays. Doit on tout sacrifier, y compris nos enfants, pour atteindre les 10 millions de touristes ? Doit on satisfaire les injonctions d’ouverture venues de pays qui n’acceptent pas que les scandales de pédophilie se passent chez eux ? Le Maroc doit avoir une stratégie guidée par l’intérêt de ses citoyens et non par les bons et les mauvais points attribués à Paris ou à Madrid. L’hypersensibilité des responsables marocains aux critiques venus de pseudo experts européens est maladive. Le lobby marocain de l’industrie touristique doit également comprendre que la politique du laisser faire, qui consiste à satisfaire le moindre caprice du touriste, y compris les moins honorables, pourvu qu’il paye, n’est qu’un calcul étroit. Pour la presse dite moderniste, le silence observé sur ce phénomène est intrigant, à moins que les mœurs libertines ne soient l’une de ses préconisations pour un Maroc « moderne ». Avec ce genre d’acrobaties, le boulevard est ouvert pour la surenchère intégriste.

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