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Interview

L’ (ex) directeur de l’association «1200 ans de Fès» demande réparation

Depuis quelques semaines, la ville de Fès vie au rythme des festivités de ses 12 siècles d'histoire. Des histoires, cet évènement n'en manque pas, puisque une polémique avait déjà vu le jour avec certaines associations amazighes qui accusaient les responsables d'occulter l'histoire du pays avant la fondation de la ville de Fès.
Aujourd'hui, c'est une toute autre affaire qui vient jeter le trouble sur l'association organisatrice présidée par Saâd Kettani. Ahmed Benseddik, l'ex-directeur de l'association "1200 ans de Fès" crie à l'injustice et demande réparation. Entretien.
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Temps de lecture: 3'
- Yabiladi : Pouvez- vous nous rappeler les moments clés de votre aventure dans le cadre des festivités des 1200 ans de la ville de Fès?
- Ahmed Benseddik :
L'idée m'est venue en janvier 2006 lorsque dans un avion reliant Casablanca à Fès, je lisais un livre d'histoire et j'ai fait une opération de calcul pour découvrir que nous étions à la veille du 1200 ème anniversaire de Fès, première capitale du royaume du Maroc. J'ai eu l'honneur de parler à SM Le Roi Mohammed VI, les 15 et 16 février 2006, mais je ne l'ai pas exposée car elle n'était pas assez mure. La validation de l'idée s’est faite en plusieurs étapes avec des échanges de courriers adressés à différents conseillers royaux et autres intellectuels comme Tahar Benjelloun. Chacun a manifesté une écoute et surtout un soutien total au projet.

- Comment s'est déroulée l'adhésion de SM le Roi Mohammed VI à votre idée?
- J'ai adressé à SM le Roi une première lettre et un dossier le 05 avril 2007, puis une deuxième lettre le 11 mai 2007 au secrétariat particulier du Roi pour annoncer le site web www.maroc1200.org. Et une troisième lettre le 25 mai 2007, que j'ai remis à son Conseiller M. Abbès Jirari. J'ai également adressé un écrit à Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma.
En clair, l'adhésion Royale est venue en deux étapes. Primo, une première annonce le 02 juin 2007 dans la lettre royale aux participants des conférences des musiques sacrées de Fès. Secundo, la lettre du Cabinet Royal, le 28 sep 2007, adressée au Premier ministre et qui officialise le projet.

- Et votre relation avec Saâd Kettani, désigné Haut commissaire de l’association?
- En tant que Haut commissaire et président de l'association créée sur ordre Royal, il est responsable de ma mise à l'écart, mais il n'est pas le seul. La lettre du cabinet Royal demandait au Premier ministre de mettre en oeuvre les Hautes Instructions Royales. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a été désigné président de la commission nationale, mais cette commission s'est réunie, à ma connaissance, une seule fois.
Saâd Kettani s'est permis, contrairement à la décision Royale, de nommer une autre personne, à savoir Chahid Slaoui. Si nous sommes dans un Etat de droit, seule l'autorité qui m'a nommé a le pouvoir de me décharger.

- Dernièrement, la maire de la ville de Fès a déclaré que l'idée de fêter les 1200 ans de la cité, était celle de l'Etat, des élus locaux,...? Qu'en pensez-vous?
- Le projet a été conçu pour être la fête de tous les citoyens Marocains où qu'ils soient. Cependant l'idée de base est la mienne et j'ai toutes les preuves, toutes les lettres sont à mon nom, voir www.maroc1200.org y compris l'Université de Fès, le CRT de Fès, Fès Saiss, et de M. Kabbaj, président de la Fondation Esprit de Fès qui m'a écrit le 17 mai 2007 au nom des membres du conseil de cette fondation, dont le Maire de Fès !!. Prétendre le contraire est un mensonge grossier. J'ai tendu la main à la mairie de Fès, mais la volonté de piratage a été plus forte.
Cela dit, ce n'est pas le plus important. Le plus important est qu'une initiative citoyenne a réussi à devenir, grâce à la décision Royale, un projet national à dimension universelle. Mais la suite est triste et grave à la fois. Avec mon équipe, nous avons été marginalisés. Les efforts de longs mois de travail, de nuits blanches, n'ont pas été rétribués. Tout le projet, tel qu'il a été approuvé par le Souverain, a été dévalorisé. C'est du piratage et c'est un crime envers l'histoire de tout un pays. Encore une fois les rapaces et les professionnels de l'échec sont à l'oeuvre.

- Qu'attendez-vous aujourd'hui de l'Etat, de Saâd Kettani,...?
- J'ai été nommé par SM le Roi sur la base d'un projet que j'ai eu l'honneur de faire aboutir au prix de sacrifices et d'efforts intenses multiples, partagés par de nombreuses compétences qui ont cru à cette idée et engagé des frais. Moi même j'ai emprunté de l'argent et je continue. Je vous laisse deviner l'immense injustice que je ressens et les conséquences dramatiques.
Pour répondre à votre question, Saâd Kettani est lui-même téléguidé dans cette affaire. Je demande justice et seul SM le Roi peut me rendre ma dignité et sauvegarder l’avenir de mes enfants qui est menacé aujourd’hui. J’ai du mal à croire que le Roi acceptera que son nom devienne ainsi un épouvantail pour faire peur, briser les carrières, jeter des enfants dans la rue et torpiller les projets nobles du pays, que lui-même a approuvé.

Position de Saâd Kettani :
«Mr Benseddik est un homme que je respecte. Il aurait certainement pu conduire ce projet avec sérieux et application, mais nos divergences sur la philosophie du travail en équipe, ainsi que sur la conduite et la gestion d’un projet de cette dimension, s’est soldé par une séparation. Il faut savoir qu’un évènement de cette envergure ne peut pas être handicapé par un différent de point de vue entre deux hommes. C’est l’intérêt général qui doit primer».

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