Personne, ni les Marocains, ni les Rajaouis, ne s’attendait à un tel exploit. Et pourtant avec 3 victoires et une défaite (2-0) contre un rival de taille, le Raja de Casablanca, représentant du Maroc à la Coupe du Monde des clubs, a créé la surprise et suscité l’euphorie durant ces deux dernières semaines au royaume. On l’a d’abord vu avec la victoire des Casablancais, mercredi en demi-finale, face à l’Atletico Mineiro de Ronaldinho (3-1), puis tous les jours qui ont suivi cette réalisation qualifiée déjà d’«historique» au Maroc.
Les Aigles verts qui caressaient le doux rêve d’atteindre le sacre, samedi, à Marrakech, en étaient bien conscients également. «Nous sommes tous conscients des espoirs qu’il y a autour du Raja grâce à nos performances dans cette Coupe du Monde, et voir les gens en liesses dans les rues confirme ce sentiment», déclarait l’attaquant du Raja Mouhcine Iajour, élu Ballon de bronze de la compétition, avant d’affronter en finale le Bayern de Munich, champion d’Europe conduit par le Catalan Pep Guardiola.
Le Maroc a-t-il «tout gagné» ?
Bien que le Raja se soit finalement incliné en finale, leur parcours a permis aux Marocains de renouer avec leur football, eux qui étaient plus habitués à aller chercher le spectacle du coté du championnat espagnol ou à vivre les compétitions internationales par procuration. Mais pour le Maroc, l’enjeu de cette épreuve allait bien au-delà des résultats acquis sur la pelouse. Le royaume devait, en effet, démontrer qu’il était bel et bien capable d’organiser une Coupe du Monde. Et malgré les critiques sur le petit show d’ouverture, et l’explosion des prix des billets sur le marché noir, le test semble avoir été réussi.
«Le Maroc a tout gagné en organisant cette compétition. C'est vrai que son rendement n'est pas celui de la Coupe du Monde, mais c'est aussi une grande compétition», a indiqué le président de la FIFA Sepp Blatter, cité par Le Monde.
«C'est un vrai test pour le Maroc. Une Coupe du Monde des clubs réussie permettra au Maroc de marquer des points et de postuler pour la Coupe du Monde une fois que celle-ci fera son retour sur le sol africain. Le Maroc a tous les atouts pour prétendre à l'organisation de l'événement suprême qui est la Coupe du monde», ajoutait-il.
120 millions de dhs
Le quotidien français souligne, toutefois, que sur le plan des finances, le Maroc a dépensé davantage que ce qu’il a gagné, contrairement à ce que promettait Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports, il y a quelques jours. Ce dernier «a affirmé que le Mondial allait rapporter au Maroc «un milliard de dirhams (88 millions d'euros) de recettes directes». Mais le cabinet d'études Capital consulting, sollicité par le ministère, a évalué les coûts d'organisation à 700 millions de dirhams (62 millions d'euros). S'ajoute à ça près de 210 millions de dirhams (19 millions d'euros) par compétition (l'édition 2014 se déroulera aussi au Maroc) pour avoir le droit de les accueillir. L'Etat marocain a même dû déposer une caution de 320 millions de dirhams (29 millions d'euros) de garantie auprès de la fédération internationale».
Selon Le Monde, le Maroc aurait ainsi au «un manque à gagner de 120 millions de dirhams, soit 11 millions d'euros».
Quoi qu’il en soit, les performances du Raja de Casablanca durant ce Mondial des clubs 2013 «ont permis d'éblouir le public sportif national, arabe et international, et de représenter, de la meilleure manière qui soit, le sport national, notamment le football, qui a ainsi renoué avec le rayonnement et la gloire», tel qu’exprimé par le roi Mohammed VI, dimanche, dans une lettre de félicitations adressée à la direction du club. Et ce, n’en déplaise à certains autres journaux français comme Libération, qui n’a vu en la présence du club marocain qu’ «un vice de forme qui décrédibilise une compétition un peu ridicule en l’état».
Comme si le Raja n’avait pas sa place dans ce Mondial des clubs. Faudrait-il rappeler que dans la majeure partie des compétitions internationales de sports collectifs, le pays hôte à toujours une équipe qualifiée d’office. La France en avait d’ailleurs profité lors de la Coupe du Monde 1998 et avait même gagné le trophée, même si ce n’était pas une surprise en soi. Pour en revenir au Mondial des clubs, ce n’est pas la première fois que l’équipe du pays hôte se hisse en finale. La première édition qui se déroulait au Brésil avait connu pareil scénario. La finale était même 100% brésilienne, et c’est le club des Corinthians représentant le Brésil qui avait remporté la coupe contre Vasco de Gama qualifié en tant que champion d’Amérique du Sud. Mais là ça, n’avait choqué personne semble-t-il. En tout cas c’est bien sur le terrain que le Raja a gagné ses matchs pour le plus grand bonheur des Marocains.